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Faut-il craindre une guerre civile aux Etats-Unis ?
par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
Un de nos correspondants, Frédéric Beaugeard, nous adresse ces considérations très pertinentes, dont nous le remercions :
« Donald Trump risque d'être démis de ses fonctions (impeachment) sinon poursuivi en justice concernant les montages financiers qu'il ne pouvait pas ignorer et qui ont facilité son élection. Il s'agit d'un crime fédéral. Deux de ses proches, directement associés à sa campagne électorale, Michaël Cohen et Paul Manafort, sont dorénavant menacés de dizaines d'années de prison pour fraude fiscale et bancaire par les tribunaux américains. Ils ont plaidé coupable.
Le risque est qu'en cas de l'éviction de Trump l'on passe aux USA d'un climat de fracture à une réelle fracture violente. On risque alors de voir apparaître un terrorisme d'extrême-droite aux USA. Il est en germe depuis les années I970, mais actuellement inexistant. Si celui-ci se conjugue à une crise économique, on verra la résurgence d'émeutes raciales visant à affirmer la présence des Noirs et Latino-Américains se considérant non sans raison comme victimes des suprématistes blancs.
S'ajoutera à cela la progression organisée des gangs et des revendications musulmanes au sein de la communauté afro-américaine, pouvant conduire à une recrudescence d'attentats. D'ici-là, la Californie devrait faire une quasi-sécession en expérimentant le début du néo-socialisme à la mode américaine qui devrait être durement réprimé, notamment par le FBI sous contrôle des intérêts de Wall Streets. D'autres Etats pourraient décider de faire de même ».
Nous ajouterons pour notre part que face à ce début de révolution, le complexe militaro industriel très puissant n'hésitera pas à conduire des politiques de répression militarisée qui susciteront inévitablement des réactions populaires violentes, utilisant les armes de tous calibres qui ne manquent pas en vente libre aux Etats-Unis.
La question qui se pose dès maintenant aux Européens, comme d'ailleurs aux Russes et aux Chinois, est de savoir s'il faudrait craindre une telle guerre civile américaine qui ruinerait définitivement tout espoir des Etats-Unis de rester une superpuissance dominant unilatéralement le monde. Sur le principe, cet effondrement (collapse) programmé de l'Empire américain, laisserait place aux autres puissances. Il leur appartiendrait d'être suffisamment modérées pour en profiter, sans encourager un effondrement qui pourrait s'étendre à l'ensemble du monde.
Il reste que la mise en sommeil forcé de domaines essentiels à l'avenir du monde où les Américains se sont donnés, face notamment au manque d'intérêt européen, un leadership incontestable, serait préjudiciable à tous. On pensera en premier lieu aux recherches scientifiques et aux politiques d'exploration spatiales.
Pourrait-on espérer que les Européens, malgré leurs attaches américaines profondes, sauraient en ce cas se rapprocher suffisamment des Russes et des Chinois pour mettre en place des politiques alternatives, voire plus ambitieuses. Libérés de leur fascination mortifère pour l'Amérique, présente d'ailleurs aussi en Russie, les uns et les autres pourraient enfin faire appel à leurs ressources propres pour mettre en place des stratégies qui ne seraient plus comme actuellement américano-centrées.
Il est certain en tous cas que, sans une crise profonde aux Etats-Unis, voire une guerre civile, ils n'y arriveront pas.
Depuis les événements au Moyen-Orient, ceux que l'on nomme par facilité les Kurdes ont joué un rôle permanent dans les conflits entre puissances.
Les Kurdes ne sont pas généralement évoqués sous la forme d'une communauté. Nous avons nous-mêmes relaté le rôle de ceux que l'on appelle les Kurdes de Syrie, ayant joué un rôle important dans les batailles contre Daesh, généralement soit de leurs propres chefs, soit comme alliés des coalitions arabo-américaine, ces mêmes Kurdes de Syrie étant considérés par Bashar al Assad ou parfois par les Russes comme des obstacles à une réunification de la Syrie sous l'autorité de Damas. On mentionne aussi les Kurdes d'Irak, souvent proches des Kurdes de Syrie.
Recip Erdogan, dotés en Turquie d'une importante communauté de Kurdes turcs, disposant de larges pouvoirs d'auto-gouvernement, a toujours manifesté le refus de négocier avec les Kurde de Syrie ou d'Irak, de peur qu'ils ne s'allient avec les Kurdes de Turquie pour reconstituer une entité autonome établie à cheval sur des 3 territoires, Turquie, Syrie et Irak et susceptible de ressusciter l'antique Royaume du Kurdistan https://fr.wikipedia.org/wiki/Kurdistan . Celui-ci l'amputerait d'un petit tiers de son territoire.
Il faut ajouter que les Kurdes de Syrie, traditionnellement établis sur les vastes réserves pétrolières et gazières de la province de Deir Es Zor, à la frontière syro-turque, en jouent pour se rendre indispensables à toute exploitation sérieuse de ces ressources.
Rappelons que les Kurdes sont en majorité musulmans, mais de ce que l'on pourrait appeler en France des musulmans laïcs, ayant depuis longtemps renoncé aux prescriptions rigoristes de l'Islam, concernant notamment la nécessité de maintenir les femmes dans un rôle subordonné. Les Kurdes de Syrie et d'Irak, excellents combattants par ailleurs, se sont fait remarquer par la présence de militaires femmes dans leurs rangs, en uniforme et certaines ayant d'importantes responsabilités d'encadrement.
Les Kurdes se rapprocheraient dorénavant de Damas et de Moscou
Vu le poids politique des Kurdes de Syrie, les Etats-Unis ont longtemps réussi à les faire combattre contre Bashar al Assad aux côtés des autres mercenaires, provenant d'organisations terroristes, qu'ils recrutaient à cette fin en leurs fournissant des armes et des dollars. Cependant, ces derniers jours, un accord semblait conclu entre les Kurdes de Syrie et Damas, sur le base d'un respect réciproque et la renonciation à toute action agressive. On lira à ce sujet un article de EJ Magnier datant du 30/07 1). Celui-ci estime que cet accord obligera les Américains à cesser de manipuler la communauté kurde à son profit, et plus généralement à se retirer complètement de Syrie, n'ayant plus guère de moyens d'action.
Mais la Russie, jusqu'ici très réservée à l'égard des Kurdes parait désormais décidée à les aider. Elle ne s'adresse pas uniquement aux problèmes des Kurdes de Syrie mais à l'ensemble du problème kurde. On apprend, comme l'indique le message référencé ci-dessous de M.K. Bhadrakumar 2), qu'elle a facilité la création à Moscou d'une Fédération Internationale des Communautés Kurdes.
Cette Fédération sera animée par un certain Mirzoyev Knyaz Ibragimovich, intellectuel Kazakh renommé originaire des Kurdes d'Arménie. Elle devrait, dans l'esprit des autorités russes, être une « plate-forme » où pourraient se retrouver l'ensemble des Kurdes. L'objectif prioritaire devrait être d'encourager tous les Kurdes à lutter contre Daesh et les autres groupes terroristes.
Reste à savoir comment cette initiative sera reçue par les Kurdes de Syrie et d'Irak. Comment par ailleurs Recep Erdogan, allié actuel de la Russie, soutiendra-t-il cette démarche ?
On rappellera que depuis le 19e siècle, sinon avant, les Russes et les Kurdes ont eu des échanges politiques et culturels nombreux, dont le cœur se trouvait à Saint-Pétersbourg. Les slaves russes et les musulmans kurdes se sont retrouvés dans de nombreux domaines.
Le mouvement AUFSTEHEN de Sahra Wagenknecht fait polémique: « l’ouverture des frontières désavantage les plus pauvres de nos concitoyens »
Sahra Wagenknecht, Présidente de la fraction LINKS (« La Gauche ») à la Diète fédérale allemande, vient de créer un nouveau mouvement rassembleur, AUFSTEHEN (Debout) ; elle entend proposer et imposer une nouvelle politique d’asile dans son parti et dans la société allemande. Dans un article rédigé spécialement pour la Nordwest-Zeitung d’Oldenbourg, elle a fustigé le « ressentiments » qui animerait les militants de l’AfD mais aussi et surtout, « cette morale générale qui entend promouvoir une culture de l’accueil sans frontières ». Elle écrit : « Une politique réaliste de gauche rejette ces deux exigences maximalistes ». Ce texte a été écrit en collaboration avec le dramaturge berlinois Bernd Stegemann, également membre du nouveau mouvement rassembleur.
Selon Wagenknecht et Stegemann, « les nombreux volontaires de la société civile qui s’occupent d’intégrer les réfugiés » devront recevoir toute l’aide nécessaire mais, par ailleurs, la gauche ne doit plus se laisser dicter sa conduite « par des bandes de passeurs criminels qui amènent des gens en Europe par des voies illégales ». Parce qu’elle a écrit cet article, et quelques autres de même teneur, Wagenknecht a essuyé de vives critiques dans les rangs de son propre parti.
On lui reproche notamment cette phrase : « Nous pensons que la fixation sur la thème des réfugiés est l’expression d’une colère qui s’est accumulée au fil du temps et provient de tous autres domaines de la vie quotidienne. Celui ou celle qui n’a plus que des contrats de travail à durée limitée, celui ou celle dont la retraite est trop chiche et dont les enfants ne peuvent plus recevoir une éducation scolaire décente parce que les écoles publiques vont à vau-l’eau et qu’il manque des professeurs, eh bien, tous ceux-là ont plein de raisons d’être furieux contre ‘ceux d’en haut’ ».
Dans un entretien accordé au Spiegel, elle s’est exprimée sans détour : « Les frontières ouvertes n’apportent que désavantages aux plus pauvres de nos concitoyens car ils n’auront jamais l’opportunité de s’en aller ailleurs. Nous combattons la pauvreté dans les pays en voie de développement mais cela n’est pas possible si nous importons en Europe leur classe moyenne ».
Querelle sur les transferts iraniens de liquidités : Washington fait pression sur l’Allemagne
Washington : Le gouvernement américain accentue ses pressions sur l’Allemagne pour empêcher une somme de 300 millions d’euros en avoirs iraniens de quitter l’Allemagne. Il s’agit d’avoirs appartenant à la banque publique commerciale euro-iranienne qui sont entreposés actuellement dans les coffres de la banque fédérale allemande. Téhéran veut se préparer à faire face aux sanctions élargies que lui impose Washington ; or, comme le versement d’une telle somme n’est plus possible, à cause des conditions qui ont été modifiées, le gouvernement iranien s’efforce de faire rapatrier cet argent en liquidités. Washington veut empêcher cette opération.
Le gouvernement américain compte sur un refus allemand de procéder à ce transfert de liquidités et se réfère aux nouvelles conditions régissant les transactions commerciales internationales qu’a acceptées la banque fédérale allemande. « Nous serions reconnaissants à nos partenaires du gouvernement allemand, s’ils admettent la nécessité de contrer les activités destructrices de l’Iran », a déclaré l’ambassade des Etats-Unis. La décision de la banque fédérale allemande de rendre ses règles plus sévères, « contrecarrera les efforts problématiques de l’Iran, de faire transférer par avion, au départ de l’Allemagne, des cargaisons entières de liquidités ».
Ces nouvelles conditions pour les transactions, qui entreront en vigueur le 25 août prochain, veulent que, pour des paiements en liquidités aussi importants, il faut donner des explications, notamment pour empêcher le financement du terrorisme. Si les explications ne s’avèrent pas suffisantes, la transaction pourra être refusée. Les Etats-Unis reprochent à l’Iran d’utiliser l’argent demandé pour financer des activités terroristes au Proche Orient.
L’Allemagne, une fois de plus, s’est placée entre plusieurs chaises, parce que Berlin, comme toutes les autres capitales des pays de l’UE, ne veulent pas davantage heurter l’Iran, au moment où les Etats-Unis lui infligent de nouvelles sanctions. Le refus du transfert demandé pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour l’Allemagne et pour l’Europe dans son ensemble.
Iurie Roșca: ”Happy to be part of the anti-system dissident wave for the second time!”
Interview by Alberto Cossu and Filippo Romeo for www.vita.it
«I sincerely hope that the European Union in the current formula is ready to die. I am expecting the repetition of the Soviet story, the total collapse and the reorganization of the political landscape at the continental level»
Born in 1961 in the ex-Soviet Republic of Moldova, Iurie Roșca is a politician, journalist, author, editor and translator. In the Soviet period he was involved in dissident networks and afterwards, during the Perestroika period, he was one of the prominent figures in the anti-Communist and national movement, being one of the leaders of Moldova’s first alternative political party and founder of the first newspapers. From 1988 until 1994 he was deputy chairman of the party. From 1994 until 2010 – chairman of the Christian-Democrat People’s Party. Between 1994 – 2009 he was a MP, including twice deputy chairman of Parliament; in 2009 – deputy PM. He is now the president of People’s University, which is a school of political leadership, an international think-tank and printing house. His political beliefs can be summed up as such: Orthodox, conservative, traditionalist.
We met him to better understand Moldava’s situation and to share some considerations about the new international outlook
You used to be a very successful political leader since the last period of URSS. When was the Christian-Democratic People’s Party of Moldova founded? Could you please say a few words about the initial period?
Oh, this is such a long story. Our political movement was founded in 1988, in Perestroika period, as an anticommunist, nationalist and pro-Independence party. It was a fantastic period, with indispensable idealism and romanticism at first. But anyhow, the disaggregation of the Soviet Empire does not happen twice and I am happy that I was totally engaged in this historic confrontation. We, as a former dominated nation, as a captured nation suffered not only political and economic pressures of communist regime. We had very harsh national, ethno-linguistic, cultural pressions, a very strong process of assimilation and Russification. That is why this historical moment was for us like a triumph of nations. In several years, we obtained the adoption of the Romanian language (also called the Moldovan language as a consequence of the Soviet occupation) as state language, the return to the Latin alphabet (the Russian alphabet was imposed to us during the communist period) and the country’s independence. It was a period of street protests, of samizdat, of new forms of media, of organization of political parties.
Did your party, after such a long presence in national parliament, lose the elections in 2009? What kind of mistakes can you enumerate in your political strategy?
If we keep in mind the fact that my party was the longest-running party in the ex-Soviet space as a parliamentary presence (five consecutive legislatures from 1990 to 2009), we could speak of a unique success, not a failure. Remember, initially, in 1988, we were a Political Movement that supported Gorbachev’s Perestroika, in 1989 we became the Moldovan Popular Front (as it was in vogue throughout the Soviet Empire), then in 1999 we became Christian Democrats so as now to get to the endpoint of our ideological evolution – Conservatism.
Moldova is ranked as one of poorest countries of Europe. Could you please outline a picture of the political and economic situation?
After the USSR was dismantled, the Western craftsmen of the transition from the gloomy communist past to the bright liberal future ignored any difference and imposed a universal recipe for all ex-communist countries. the well-known concept of ”the West and the Rest” ,impregnated by classical eurocentrism, was seen by the winners of the Euro-Atlantic centers of power as a necessary way of acting. And since every nation in the world is left with only one way of development, the ex-communist countries have been invited to make a civilizational leap and to adapt its own societies to the standard model. It means to repeat the path traversed by the West through Modernity: mass democracy, market economy and human rights, plus secularism, open borders, and alignment with the only civilization on the upper stage – the West.
Some twenty-five years ago nobody in both areas, East and West, had any other approach on this new geopolitical and historical reality. The East must be westernized, otherwise it cannot overcome its communist past, achieve prosperity and become a normal, developed society. The collapse of the communist system led to the creation of an intellectual vacuum in the respective societies. And this vacuum was immediately filled with the liberal paradigm, which seemed perfect, indisputable and axiomatic.The tragicomic situation that arose after the fall of the USSR can be characterized as such. After 50 years of the Cold War between East and West, the West defeated the East who capitulated. And for the first time in history, the defeated side received the conditions of capitulation in a state of happiness, and accepted as a gift the plan of geopolitical and economic colonization.
Thus, Moldova also bought a ”one way ticket” for the train that led us to prosperity. Year after year we executed all the „precious indications” from Western power centers, such as the IMF, the World Bank, the State Department, the EU etc. We copied the institutions, the legislation, the economic model, etc. We have achieved total liberalization of prices, we have made mass privatization, we have opened the internal market for Western capitals, goods and services, we have equaled the foreign entrepreneur with the local one. We did everything in order to respond to all criterias suggested (or imposed) from abroad. But the promised state of general happiness still did not come.
Could you please tell us which economical model dominates at present in Moldova?
Moldova is not a productive, but a consumer economy. How does it work? Very simple. Moldovans work abroad, on the external labor markets to earn money which is spent in Moldova to buy goods produced abroad which have completely invaded our internal market. How can a local businessman compete with, say, a German or a Turkish one? Difference in production capacities, know-how, access to cheap credits, etc. dooms the local entrepreneur into a loser right from the start. Moldova has signed the ”free trade agreement” with the EU and with Turkey too – a well done operation in favor of our big brothers. It is worse for us, the local population whom these glass beads and illusions are sold to in exchange for natural resources and the key sectors of the national economy.
I confess that I spent two decades of political activity and assiduous reading in four languages until I realized why things in my country are going from worse to worse. When I realized that the West had actually applied to the ex-communist space the same treatment that the Third World has long suffered, everything became extremely clear. When principle of ”kicking away the ladder” (Friedrich List) or ”comparative advantages” of “freetradism” (“laissez-fairisme”) has been fully applied, then Moldova’s chance of emerging from the crisis strictly following the imposed rules from the outside becomes illusory. By blindly following ”friedmanism” and the advices from the Chicago Boys, by assuming quasi-religious principles of the so-called ”Washington Consensus”, Moldova became a classical poor country as so many other countries around the world which were guided to go in the same direction.
Your interpretation contradicts in radical way the official Western discours on economical issues of the post-communist area. Usually your countries are seen as failed states because of internal causes like corruption, luck of deep reforms, weak democratic insititutions and the absence of strong and independent justice. You want to say that this approach is false?
Not necessarily, but obviously partial, tendencious and vicious. All of these factors exist. But they are the effect, not the causes of our problems. The major causes of Moldova’s disaster are other than the dominant neoliberal discourse presents it. The first is the excessive obedience of the ruling class to external power centers. The „development partners” that lend to the Republic of Moldova an enormous amount of money does not represent charity foundations, but tools of global plutocracy, which seeks to achieve astronomical gains.
External financing in exchange for free trade, adjustment of domestic legislation to the detriment of local business and in the interest of global corporatocracy, the tailoring of monetary, customs, fiscal, budgetary and social policies have substantially reduced the state’s ability to promote independent economic policies.
The truth is that it is precisely the forced dressing of the Republic of Moldova in that suffocating “golden straight jacket” (Thomas Friedman) that strangles any chance of economic recovery in the country. Moldova, like so many other countries, subjected to „structural reforms” and neo-liberal adjustments predicated on „market fundamentalism”, has yielded for a long time its sovereign right to manage its own economy. Under these circumstances, the succession in governing of various parties and coalitions, whether they are totally corrupt or relatively decent, cannot lead to radical positive changes.
What is your stance regarding NATO versus the neutrality which is established by your Constitution and what is your perception of the the Russian Federation?
Moldova must not to aspire to become a member of NATO or a Russian-centered military and security group of states, but an independent, neutral, and correct international player. This idea can become part of our national strategy or, if you like, part of our dream. Because a nation which does not have its own major dream is condemned to be just a consumer of foreign ideas and concepts, and, last but not least, the object of foreign interests which do not necessarily coincide with our own.
Neutrality must be a key element of foreign policy. One of the main targets of Moldova has to be to affirm its vocation as a neutral country at an international level, in accordance with our Consitution. It means not only to avoid the involvement in the major geopolitical conflicts of big international actors such as Russia and the USA. Moldova could and should initiate or reinitiate the movement of non-aligned countries in the new geopolitical context by inviting different countries which share the same approach to participate in this process. We have to return to the experience of the Bandung Conference (April 18–24, 1955, Indonesia), to develop and adapt these principles to new historical conditions in order to be strong enough in the dialogue with great powers. Without this kind of international solidarity, without our original and wise contribution to a new international architecture, countries like Moldova have very thin chances of becoming relevant and respected international actors. This idea was suggested to me by French thinker Hervé Juvin in our personal discussions and through his books and articles.
At what point is the negotiation between Moldova and Transnistria? What is your stance about the mentioned conflict that can be named „frozen”. How present is the Russian factor or the ”Russian threat” this region?
Of course, the key of the Transisntrian conflict is in Moscow. Yes, Moldova is aspiring to obtain the withdrawal of Russian military troops from Transnistria. Their presence affects our territorial integrity and creates a lot of economic, social and administrative problems. But if we are responsible people, we have to see the whole picture of the region. By this I mean the global and implicitly the regional balance of forces. Several years ago I asked one Russian diplomat, former ambassador in our country whose name is not appropriate mentioning here (being a private discussion), ”When will Russia withdraw its military presence from Moldova”? The answer was quick, direct and sincere. „Mr. Roșca, look at the map. Americans are in Romania. We are constrained by the strategic circumstances to remain in Moldova”.
In this situation Moldova has to think deeply on how to turn a geopolitical disadvantage into an advantage. Surely not through aggressive anti-Russian rhetoric, nor by assuming the role suggested by Americans to become a NATO ally against Russia. The Republic of Moldova is a neutral country. It ought not admit the role of the ally of the Russians against the Americans, nor the ally of the Americans against the Russians. Moldova must overcome its dishonorable role as an object of international relations and become an independent, fair and predictable subject of international affairs. It’s not an easy task. But if Moldovan political leaders will not have the clairvoyance, the courage and the diplomatic tact to follow this path, the posture of our country as the vassal of the great powers or the exchange currency between them is inevitable.
Moldova seems set to become an attractive destination for the investors coming from the Arabic Countries. Which are opportunities and threats originated by the likely inflow of direct investments?
Yes, it is the biggest catastrophe for our country. After the government in 2009 came to power, the contacts with wealthy Arab countries form the Arabic peninsula which is rich in petro-dollars became the first priority. The delegations of our government are often travelling to the region (namely to Qatar, United Arabic Emirates, Saudi Arabia) and vice versa. It seems that the Arab sheikshave managed to corrupt the clique of mobsters that have been leading Moldova in the last few years.
The dirtiest business set up by the influential Gulf leaders and the local mafia in Moldova can be seen in a series of laws and government decisions by which five thousand foreign or stateless citizens plus their families are to receive Moldovan citizenship in return for an investment. The money would be transferred either to a government development fund (100 000 euros) or to private business (250 000 euros). The domains listed for private investments in the official acts are real estate and the development of the public financial sector and public investment by procuring and maintaining state securities. The investment in both these sectors have to be maintained for no less than 60 months. It means five years.
So, to conclude, some of the richest people on the planet from the Persian Gulf will maintain this kind of engagement only for five years and after that they are free to sell all goods that they buy for pennies for infinitely higher amounts. Good business with the Banana Republic of Moldova!
Now the most interesting detail of this dirty business. In accordance with our law, local and foreign investors have the same rights to invest in our economy. With only one fundamental exception – agricultural lands which can be sold only between Moldovans. So, our rulers are ready to sell the most precious national resource – our lands. More than that. This kind of new comers will be able to participate in our political process, to build parties, to buy media resources etc. Simply speaking, if in the case of Western Europe Muslim invasion is organized through millions of poor Arabs, in the case of Moldova, the Muslim invasion will be carried out through the Arab sheikhs, the billionaires from Gulf. There will be the construction of mosques in the country of 95 percent of Orthodox Christians, interreligious conflicts and permanent political instability. A deadly blow is expected on our economy, but also on our tradition and culture. That is why we can state without any exaggerations that our government is a traitor of the national interests.
What is your opinion about the political situation within the EU?
I sincerely hope that the European Union in the current formula is ready to die. Some people hope that it is possible to reform this bureaucratic, plutocratic, antinational and anti-European entity. I don’t. I am expecting the repetition of the Soviet story, the total collapse and the reorganization of the political landscape at the continental level. This model will be based on national states, peaceful cooperation between the European countries, and overcoming the dividing lines between Europe and Russia. The new wave of populist, sovereignist, identitarian movements becomes stronger with each electoral campaign in many countries. As I said before, I saw the fall of the USSR, I hope to see the fall of the EU.
A Washington, on sait qu’en cas de guerre avec l’Iran, les Etats-Unis auront le besoin urgent du soutien des pays arabes voisins. Une OTAN arabe serait dès lors bien utile !
Par Marco Maier
Au Proche Orient, on envisage la création d’une nouvelle alliance militaire et politique, que l’on désigne déjà comme une « OTAN arabe », car la comparaison semble licite. Six pays arabes du Golfe, l’Eypte et la Jordanie agiraient ensemble au sein de cette organisation, en tant qu’alliés des Etats-Unis et uniraient leurs efforts contre l’Iran.
Selon certaines informations, la Maison Blanche inciterait ces pays à coopérer plus étroitement dans la défense anti-missiles, dans les manœuvres militaires communes et dans les mesures anti-terroristes et à renforcer leurs relations économiques et diplomatiques dans la région. Il s’agirait surtout de ruiner les efforts de Téhéran qui cherche à étendre son influence dans la région, en tablant notamment sur les pays à dominante chiite, comme, par exemple, l’Irak ou le Yémen.
Officiellement, les Américains appliquent la doctrine du « No Regime Change » en ce qui concerne l’Iran ; cependant, il est de notoriété que la CIA, le Mossad et d’autres services utilisent tous les moyens à leur disposition pour susciter ou envenimer des troubles au sein de la théocratie chiite, afin, dans la mesure du possible, de précipiter le pays dans une guerre civile qui entraînerait, en bout de course, la chute des mollahs. Voilà ce qu’espèrent les services secrets. Et si, finalement, le régime des mollahs ne tombe pas ? Alors, la situation chaotique, qui règnerait suite à toutes ces amorces de conflit civils, ferait en sorte que Téhéran serait forcé à se replier sur son front intérieur et ne pourrait plus œuvrer à s’installer comme puissance régionale qui compte.
En cas d’extrême nécessité, on pourrait aussi fabriquer un prétexte pour autoriser cette OTAN arabe de rentrer en Iran pour obliger les chiites perses, traités d’« adorateurs du diable », à « rentrer dans la droit chemin » (les sunnites radicaux haïssent davantage les chiites que les « mécréants »). Selon la bonne habitude, ce seront alors les Arabes qui feraient le sale boulot, verseraient leur sang en abondance, pour qu’à la fin, les Américains arrivent comme des héros resplendissants, comme des libérateurs.
Un tsunami vient de l’Ouest, doux comme le miel, mais qui tue comme le poison
Par Iurie Roşca
Ex: http://editionsbios.blogspot.com
Quand on voit comment le gouvernement aujourd’hui se prosterne devant les «partenaires stratégiques» – la Trinité du Mal (FMI, Banque Mondiale et l’Union européenne) – et se met à genoux devant les investisseurs étrangers, comment ne pas faire un parallèle plus que nécessaire avec l'époque soviétique ?
Tout comme ceux qui ont accueilli les occupants soviétiques en 1940 avec des fleurs et des applaudissements sont considérés comme des collaborationnistes et des traîtres, ceux qui posent des tapis rouges et adorent les investisseurs étrangers méritent
le même traitement.
La différence entre les deux types d’envahisseurs est minime. Elle tient seulement de moyens, pas de buts. Si les occupants soviétiques avaient utilisé la force des armes, ceux d’aujourd’hui utilisent les armes de logiciel, économiques et financières, les uns et les autres ayant le même objectif : l’asservissement de la population locale et le pillage de ses richesses nationales.
Il est vrai que les impérialistes économiques d’aujourd’hui mettent en œuvre et l’ingénierie sociale, visant à anesthésier le pouvoir de discernement des peuples conquis. C’est pourquoi, l’identification de l’agresseur était beaucoup plus facile lors de l’invasion soviétique : la présence des chars, des troupes militaires, des corps de répression, la nationalisation, les déportations, les massacres étaient si évidents que tout le monde comprenait que c’étaient des occupants.
Mais le nouveau type de colonialisme a cependant une propriété qu’il faut la retenir. Avant d’envahir un territoire, il entreprend un bombardement médiatique (remplaçant le bombardement de l’avion d’autrefois), une attaque d’artillerie (mais pas une classique, comme il était une fois), manifestée par la colonisation de la conscience collective à l’aide de la culture de masse, l’induction de l’état fascinant pour le « rêve américain » et l’attractivité de la société de consommation. Et quand les aborigènes sont suffisamment traités psychologiquement, jusqu’à la perte de la conscience de soi (une nouvelle sorte de mankurtisation) et à l’instinct de conservation, cela compte moins qui est au pouvoir. Parce que n’importe quel gouvernement applaudit à scène ouverte les « sauveurs » descendus « sur le terrain » comme des loups en peau de mouton.
Encore une fois, si nous éprouvons un véritable mépris pour les collaborateurs du régime soviétique, pourquoi nous apprécions les nouveaux collaborationnistes du régime d’occupation en « style occidental », portant la même étoile à cinq branches sur le drapeau, seulement celui communiste était rouge, et celui d’aujourd’hui est bleu ? Il n’y a qu’une réponse. Par ignorance ou, en parlant délicatement, par erreur de perspective. Car alors le torrent d’origine étrangère venait de l’Est et il était violent, et maintenant un autre tsunami vient de l’Ouest, qui est doux comme le miel, mais qui tue comme le poison.
Celui qui a des yeux pour voir, verra. Et qui non, il sera dans une situation comme dans le vieil adage roumain : on montre à l’imbécile la lune, et il regarde le doigt.
Paraphrasing the famous quote of Marx, we can state without any exaggeration: ”A specter is haunting Europe – the specter of populism”.
After a series of promising signs for the European populists or nationalists such as Brexit, the election of Trump, the results of the latest parliamentary elections in Austria, Hungary, Italy, the political solidarity of the Visegrád Group countries, the constant disagreements between Poland and the bureaucracy of Brussels etc., the international press is giving hopeful news once again. Steve Bannon, ex Chief Strategist of the American president and the mind behind the Trump victory, has announced the creation of a new foundation in Europe, which will be called The Movement. This organization has the ambition of being an alternative to the ”Soros network”, known as The Open Society Foundation, the one that has had and still has a major impact on the politics of our continent – in the ex-communist countries, Western Europe and the United States.
And if the anti-system political events of recent years have shaken the dominant elite for the first time since World War Two, the phenomenon rightly called the ”European spring” or the ”populist revolution of Europe” has a great chance of growing even more due to Steve Bannon’s initiative. The ambition of this American thought leader is to unite all European identitarian and pro-sovereignty parties in a common front against globalism, which is neoliberal and antinational and gravely affects not only the interests of smaller countries, but those of the US as well.
In his book „The populist Moment. Right-left: it’s over”, the French philosopher Alain de Benoist brilliantly synthesizes the new mindset of European peoples. The new coalition government in Italy that has united the populist groups, „Lega Nord”, the party of Matteo Salvini and Luigi di Maio’s „Five Star Movement”, confirms Benoist’s ideas. Another philosopher that subscribes to this line of thinking is Aleksandr Dugin, who wrote a series of important texts on the new wave spreading over European politics. Finally, with the election of Trump and with the intentions of Bannon, us Europeans can give up on the cliche idea that globalism is purely an American product. The French essayist and economist Hervé Juvin stresses on a very important thesis that helps understand the phenomenons that have taken place in the last decades: just how the Russian people were the first victims of Communism, so the American people are the first victims of globalism, also called extraterritorial, imperialistic and devastating capitalism. It is worth adding that the majority of the globalist oligarchy is based in the USA, but act against the state and the American people.
Therefore, the non-profit that is about to be launched declares that its first immediate task is the fortification of anti-system populist parties in time for the European Parliamentary elections in May 2019, as well as helping them in some local elections. The expertise and consultancy services offered by the foundation can have a crucial role in the upcoming electoral confrontations. And if Steve Bannon openly declares that he wants his organization to be a rival of the „Davos group”, meaning the global plutocratic establishment, my friend from France, Emmanuel Leroy, preceding the idea of the American strategist, proposed a formula that goes extremely well both with the initiative launched last year in the Moldovan capital, as well as with that of Bannon. On the occasion of the two international conferences in Chișinău held in 2017 that brought together intellectuals from the ex-communist countries and Western Europe, he said that the Chișinău Forum must become a true anti-Davos. Created by three organizations, the Popular University of Moldova, the Eurasianist Movement of Russia, lead by Aleksandr Dugin and the Jean Parvulesco Committee of France, The Chișinău Forum has become a true international think-tank that will meet at least once a year to elaborate alternative strategies of geopolitical, ideological and economic nature. After more than two years, our network has extended all the way to Iran and Africa, has managed to develop a strong media cooperation and participate in important international events. In this context, as the main organizer of the Chișinău Forum, I am almost certain that I will have the support of my colleagues from abroad when coming with the proposition of initiating a strong collaboration with Steve Bannon’s new organization.
The capital of Moldova, Chișinău, is an excellent place for our international meetings due to its geographical position and to the fact that citizens from the EU, the US, Canada, Russia and the other ex-Soviet states do not need visas. Our team has acquired great experience in organizing succesful events and in maintaining strong contact with our partners. This experience must be used to bring substantial contributions to the demolition of the current dominant system of the global plutocracy, to the rebuilding of nation-states and the rebalancing of international affairs that favor the interest of every people.
We, the peoples from the ex-Communist region, have gained valuable experience from our participation in the dismantling of the former totalitarian regime. Three decades ago, none of us knew that the time will come when we will have to create a new „triumph of nations”, to achieve a new decolonization of captive peoples that became victims of the global corporatocracy, which de-sovereignized all countries, producing great economic and social unbalances. And the same way that the end of the USSR was possible, so is the end of the new totalitarian mini-empire of the EU urgently needed, which the Hungarian prime minister Viktor Orban rightly called the most corrupt in the world, massively penetrated by the tentacles of George Soros. After the election of Donald Trump, a sort of duality of power has been installed in the US: on one hand, a populist president that guides himself by the „America First!” principle, and on the other hand the „deep state”, which sacrifices national interests for the accumulation of huge profits. Steve Bannon is coming with a message that is embraced by any partiot. Every people, every authentic political elite should follow exactly this principle: „My country first before anything!”.
We have a common war for the preservation of our traditions, cultures and religions, for the protection of national economies in the face of the globalist capitalist aggression, for the refusal of our countries to be invaded by the waves of illegal migrants and to flood their countries with the sharks of speculative capitalism. The denouement of this major historical confruntation depends on our solidarity.
I invite all friends from our international network to give their opinion on the idea of the active participation of the Chișinău Forum members in supporting and extending Steve Bannon’s organization – The Movement. Your reactions will be published on our media resources in different languages.
I would like to end with another well-known paraphrase of marxist inspiration:
Populists of all countries, unite!
Iurie Roșca, ex anti-Soviet dissident, currently an anti-globalist dissident
Ce terme d'Etat profond (Deep State), que nous utilisons souvent, est devenu courant dans les analyses politiques américaines. Il désigne en général, sans le dire clairement, la coalition des divers services secrets et des forces militaires qui exercent le pouvoir aux Etats-Unis. Ceci au mépris de la Constitution et des différentes institutions, dont la Maison Blanche et le Président américain, seules habilitées officiellement pour ce faire.
Jusqu'ici ce terme avait été réservé pour désigner dans des pays comme l'Egypte, le Pakistan et la Turquie, l'appareil des institutions militaires et de renseignement qui depuis des décennies a fait de ces pays des dictatures recourant en permanence à la force et à la violence pour s'imposer. Leurs victimes bien que mal identifiées, se comptent par millions.
Or c'est à l'Etat profond américain que font désormais appel tous ceux qui aux Etats-Unis s'opposent aux perspectives de détente avec la Russie apparues à la suite de la rencontre de Donald Trump et Vladimir Poutine à Helsinki le 16 juillet. A la suite de cette rencontre, Trump avait déclaré qu'il n'avait pas de raisons pour croire ses services secrets plutôt que le démenti de Poutine concernant une ingérence de celui-ci dans son élection.
Devant l'appel à sa destitution lancé contre lui par l'ensemble des institutions politiques américaines, y compris l'Etat profond, il s'était rapidement rétracté. Mais le mal avait été fait. Toutes les forces démocratiques qui s'opposent, plus ou moins timidement, à une militarisation ouverte de l'Etat, avaient retenu ce terme d'Etat profond pour désigner ceux qui avaient forcé Trump à se démentir. Il fallait donc que l'Etat profond sorte de l'ombre, reconnaisse son existence et fasse admettre à l'opinion qu'il s'agissait d'une force indispensable à la survie de l'Amérique.
Deux articles
Ceci n'a pas tardé. Dans un article de très « officiel » Washington Post, l'éditorialiste réputé Eugène Robinson, prix Pulitzer, a osé, sous le titre de God Bless the Deep State, demander à Dieu de bénir l'Etat profond. Lui seul permettra de sauver l'Amérique de tous ceux qui veulent sa perte. Le Deep State, écrit-il, se tient entre nous et les abysses. Son devoir est de continuer à jouer ce rôle 1).
Quatre mois auparavant, le New York Times avait annoncé les pires catastrophes à ceux qui dénoncent un prétendu Deep State qui, selon le journal, n'existerait pas 2).
Aujourd'hui, le pas est franchi. Le Deep State reconnaît sa propre existence. Son devoir affirme-t-il est de combattre tous ceux qui au nom de la démocratie, voudraient s'affranchir de sa protection.
On dira qu'en Russie, en Chine et dans bien d'autres pays, y compris en Europe, cet état de chose est reconnu et que personne ne s'indigne. Disons seulement, à supposer que ceci soit exact, que l'Etat profond américain paraît annoncer son rôle au service de la mise en place d'une dictature qui ne sera pas différente des autres. Donald Trump a du s'en rendre compte. Il semble avoir compris que s'il résistait, sa fonction et probablement même sa vie en paieraient le prix.
Manœuvre dilatoire ukrainienne : Porochenko exige l’arrêt de la construction du gazoduc Nord Stream 2
Kiev/Bruxelles – On le sait : les Etats-Unis déploient tous leurs efforts pour mettre un terme au projet germano-russe du gazoduc Nord Stream 2. Cette fois, sans que cela n’étonne personne, le gouvernement ukrainien participe à la manœuvre. Il est vrai que l’Ukraine est directement concernée par la construction de ce nouveau gazoduc car, comme d’autres pays de transit qui posent problème, elle sera contournée à l’avenir et perdra une masse d’argent en ne pouvant plus prélever de taxes de transit.
Le Président ukrainien Porochenko a exié l’arrêt pur et simple des travaux de construction du gazoduc de la Baltique. Ses arguments sont les suivants ; il les a énoncés lors du sommet de l’OTAN à Bruxelles : « Nord Stream 2 n’est pas un projet économique et n’est mis en œuvre que pour des motivations politiques ». Ce serait une immixtion de la Russie et, de ce fait, totalement inacceptable. L’Europe occidentale pourrait utiliser les gazoducs passant par l’Ukraine car leurs capacités sont plus élevées que celles de Nord Stream 2. Et Porochenko a ajouté, sans la moindre circonlocution verbale : « Je formule l’espoir, a-t-il déclaré, qu’ensemble nous pourrons tous arrêter la construction de Nord Stream 2 ».
Quelques temps auparavant, le gouvernement américain avait menacé de sanctions toutes les entreprises qui participeraient à la construction de Nord Stream 2. Le président américain Trump n’avait pas hésité à critiquer l’Allemagne lors du sommet de l’OTAN et l’avait traitée de « prisonnière de la Russie » parce que la République Fédérale tirait majoritairement ses besoins énergétiques de sources russes.
Toutefois, ce n’est un secret pour personne que Wahington, en s’attaquant au projet Nord Stream 2, défend bec et ongles ses propres intérêts économiques et poursuit une géostratégie bien établie. Les Etats-Unis veulent vendre en Europe leur propre gaz de schiste et torpiller, pour y parvenir, toute consolidation des relations commerciales germano-russes.
Investissements le long des nouvelles routes de la Soie : l’Allemagne et la Chine signent 22 traités commerciaux !
Berlin – Malgré l’indécrottable obsession occidentaliste et atlantiste des dirigeants politiques de la République fédérale d’Allemagne, les relations économiques inter-eurasiatiques s’intensifient, en marge des querelles sous-jacentes qui troublent les relations transatlantiques. Suite à sa visite lors de la rencontre dite « 16 + 1 », à Sofia, capitale de la Bulgarie, le Président chinois Li Kequiang s’est rendu à Berlin, où il a plaidé pour une imbrication économique plus étroite entre Européens et Chinois. A cette occasion, plusieurs traités économiques germano-chinois ont été signé pour un valeur totale de 20 milliards d’euros.
Le but de ces pourparlers communs était de discuter des mauvaises conditions dans lesquelles évoluait le commerce internationale suite aux dernières sanctions douanières américaines. Tant la Chancelière Merkel que son hôte venu de Chine ont plaidé en faveur d’un commerce libre, libéré de toute entrave. Li a déclaré : « Nous sommes en faveur du commerce libre, du multilatéralisme ».
Beijing, ces derniers jours, a réagi face aux sanctions douanières américaines en imposant des taxes spéciales sur les produits américains importés en Chine.
En marge de ces consultations germano-chinoises, vingt-deux traités gouvernementaux et économiques ont été signés. Le principal de ces traités porte sur la construction d’une usine pour piles cellulaires destinées aux automobiles électriques et qui s’établira à Erfurt en Thuringe. Le producteur chinois CATL veut y investir, dans un premier temps, plusieurs centaines de millions. Le premier gros client pour ces piles est BMW. Le constructeur automobile bavarois veut faire construire des piles à Erfurt et en acheté pour 1,5 milliards d’euros. Merkel a aussitôt déclaré : « C’est un grand jour pour la Thuringe » mais elle a déploré, dans la foulée, que la Chine avait acquis une avance indubitable en ce domaine. "Si nous avions pu les produire par nous-mêmes, je n’aurais pas été triste ".
En Chine, désormais, plus de 5000 entreprises allemandes se sont installées. Le Chine est, depuis deux ans, le principal partenaire commercial de l’Allemagne.
Sommet de l’OTAN et sommet Trump/Poutine : que faut-il en penser ?
Par Robert Steuckers
Script de l'entretien d'aujourd'hui, 11 juillet 2018, accordé à Channel 5 (Moscou), sous la houlette d'Alexandra Lusnikova
Le sommet de l’OTAN qui se tient aujourd’hui, 11 juillet 2018, et se poursuivra demain à Bruxelles, aura pour point principal à son ordre du jour la volonté affichée par Donald Trump d’obtenir de ses partenaires, plutôt de ses vassaux, européens ce qu’il appelle un « Fair Share », c’est-à-dire une participation financière accrue des petites puissances européennes dans le budget de l’OTAN. Pour Trump, les pays européens consacrent trop d’argent au « welfare » et pas assez à leurs armées. C’est une antienne que l’on entend depuis belle lurette de la part de tous les ténors américains de l’atlantisme. Ceux-ci veulent que tous les pays européens consacrent au moins 2% de leur PNB à la chose militaire. Les Etats-Unis, engagés sur de multiples fronts de belligérance, consacrent 3,58% de leur PIB à leurs dépenses militaires. En Europe, la Grèce (qui craint surtout son voisin turc et doit sécuriser les îles de l’archipel égéen), le Royaume-Uni, la Pologne, l’Estonie et la Roumanie dépassent ces 2% exigés par Trump. La France consacre 1,79% à ses forces armées ; l’Allemagne 1,22%. Evidemment, ces 1,22% du PIB allemand sont largement supérieurs aux 2% consacrés par des pays moins riches. Malgré les 3,58% dépensés par les Etats-Unis, précisons toutefois que ce budget, certes énorme, est en constante diminution depuis quelques années.
L’exigence américaine se heurte à plusieurs réalités : d’abord, les Etats-Unis ont sans cesse, depuis la création de l’OTAN, empêché les pays européens de développer leurs aviations militaires, en mettant des bâtons dans les roues de Dassault, de Saab, de Fiat, etc. et en interdisant la renaissance des usines aéronautiques allemandes. Si l’Europe avait reçu de son « suzerain » le droit de développer ses propres usines aéronautiques, ses budgets militaires, même réduits en apparence, auraient permis de consolider sérieusement ses armées, tout en créant des emplois de qualité sur le marché du travail ; ensuite, certains chiffres parlent pour eux-mêmes : si l’on additionne les budgets militaires des principales puissances européennes de l’OTAN (Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Espagne), ceux-ci dépassent de loin le budget de la Russie, posée comme « ennemi majeur ». Le bugdet de l’OTAN, Etats-Unis compris, est donc pharamineux.
Bon nombre de voix estiment que cette problématique de « Fair Share » est le rideau de fumée qui masque le problème réel: celui de la guerre commerciale larvée entre l’Europe et les Etats-Unis. Le but réel de Trump et du « Deep State » américain est de réduire les importations européennes (et chinoises) vers les Etats-Unis. Le but de Trump, louable pour un Président des Etats-Unis, est de remettre l’industrie américaine sur pied, de manière à débarrasser la société américaine des affres qu’a laissées la désindustrialisation du pays. Pour Trump, mais aussi pour ses prédécesseurs, l’UE imposerait des barrières, en dépit de ses crédos néolibéraux, qui empêcheraient les Etats-Unis d’exporter sans freins leurs produits finis en Europe, comme ils le faisaient dans les deux décennies qui ont immédiatement suivi la seconde guerre mondiale. L’UE est un problème pour l’élite financière américaine, tout simplement parce qu’elle est largement (bien qu’incomplètement) autarcique. Trump estime que, dans les relations commerciales bilatérales, les pertes américaines, par manque à gagner, s'élèveraient à 151 milliards de dollars. Le déficit commercial entre l’UE et les Etats-Unis serait actuellement de 91 milliards de dollars, au détriment de Washington.
Autre point à l’agenda : les efforts qui vont devoir, selon l’OTAN, être déployés pour que la Géorgie puisse adhérer le plus rapidement possible à l’Alliance Atlantique. Dans l’ordre du jour du sommet d’aujourd’hui et de demain, ici à Bruxelles, la question géorgienne est évidemment le thème le plus intéressant à analyser. La stratégie habituelle des puissances maritimes, l’Angleterre au 19ième siècle et puis les Etats-Unis qui prennent son relais, est de contrôler les bras de mer ou les mers intérieures qui s’enfoncent le plus profondément à l’intérieur de la masse continentale eurasienne et africaine. L’historien des stratégies navales anglaises depuis le 17ième siècle, l’Amiral américain Mahan, s’intéressait déjà à la maîtrise de la Méditerranée où l’US Navy avait commis sa première intervention contre les pirates de Tripolitaine à la fin du 18ième siècle. Halford John Mackinder retrace aussi, dans ses principaux traités de géopolitique, l’histoire de la maîtrise anglaise de la Méditerranée. Dans le cadre des accords Sykes-Picot et de la Déclaration Balfour, les Anglais protestants, en imaginant être un « peuple biblique », accordent, contre l’avis de leurs compatriotes et contemporains conservateurs, un foyer en Palestine pour les émigrants de confession mosaïque. Le but, que reconnaissait pleinement le penseur sioniste Max Nordau, était de faire de cette entité juive la gardienne surarmée du Canal de Suez au bénéfice de l’Empire britannique et de créer un Etat-tampon entre l’Egypte et l’actuelle Turquie afin que l’Empire ottoman ne se ressoude jamais. Les guerres récentes dans le Golfe Persique participent d’une même stratégie de contrôle des mers intérieures. Aujourd’hui, les événements d’Ukraine et la volonté d’inclure la Géorgie dans le dispositif de l’OTAN, visent à parachever l’œuvre de Sykes et de Balfour en installant, cette fois au fond de la Mer Noire, un Etat, militairement consolidé, à la disposition des thalassocraties. Le fond du Golfe Persique, le fond de la Méditerranée et le fond de la Mer Noire seraient ainsi tous contrôlés au bénéfice de la politique globale atlantiste, contrôle qui serait encore renforcé par quelques nouvelles bases dans la Caspienne. Je pense vraiment que ce point à l’ordre du jour est bien plus important que les débats autour du « Fair Share » et de la balance commerciale déficitaire des Etats-Unis.
Le sommet Trump-Poutine
D’après maints observateurs, le sommet prochain entre Trump et Poutine à Helsinki en Finlande aurait pour objet principal de laisser la Syrie à la Russie, après les succès de l’armée régulière syrienne sur le terrain. Reste à savoir si la Syrie, laissée à Assad, sera une Syrie tronquée ou une Syrie entière, dans ses frontières d’avant l’horrible guerre civile qu’elle a subi depuis 2011. L’objectif des Etats-Unis et d’Israël semble être de vouloir tenir l’Iran, et son satellite le Hizbollah, hors de Syrie. Poutine, apparemment, y consentirai et offre d’ores et déjà une alternative à l’Iran qui, depuis les premiers empires perses de l’antiquité, souhaite obtenir une façade sur la Méditerranée, directement ou indirectement par tribus ou mouvements religieux interposés. Poutine offre à l’Iran la possibilité d’emprunter une voie par la Caspienne (d’où l’intérêt récent des Américains à avoir des bases dans cette mer intérieure et fermée), la Volga, le Canal Volga/Don, le Don (par Rostov), la Mer d’Azov, l’isthme de Crimée et la Mer Noire. L’Iran préfère évidemment la voie directe vers la Méditerranée, celle qui passe par la Syrie et la partie chiite de l’Irak. Mais si l’Iran doit renoncer à son fer de lance qu’est le Hizbollah, les Etats-Unis devraient renoncer, en toute réciprocité, à soutenir des mouvements protestataires, souvent farfelus, en Iran.
Deuxième condition, pour que l’éviction hors de Syrie de l’Iran soit crédible, il faudrait aussi expurger définitivement la Syrie de toutes les séquelles du djihadisme salafiste ou wahhabite. Or, on observe, ces derniers mois, que ces forces djihadistes sont alimentés voire instruites au départ de la base américaine d’al-Tanf sur la frontière syro-irakienne. Question à l’ordre du jour : les Etats-Unis vont-ils quitter cette base terrestre entre la Méditerranée et le Golfe Persique ou y rester, en tolérant des poches de résistance djihadiste qu’ils alimenteront au gré de leurs intérêts ?
L’objectif des Russes, dans le cadre syrien, est de sauver la viabilité économique du pays, de rouvrir les grands axes de communication et de soustraire définitivement ceux-ci à toute forme de guerre de basse intensité (low intensity warfare), à toute stratégie lawrencienne modernisée. Pour y parvenir, Poutine et Lavrov suggèreront sans nul doute le rétablissement d’une Syrie souveraine dans ses frontières de 2011, ce qui implique de purger le pays de toutes les formes de djihadisme, portées par les « Frères Musulmans » ou par Daesh et de prier la Turquie d’évacuer les zones qu’elle occupe au Nord du pays, le long de sa frontière. Le Hizbollah, lui, a toujours promis d’évacuer les territoires syriens où il est présent, dès que les forces djihadistes sunnito-wahhabites en auront été éliminées.
Force est de constater que le projet russe correspond certes aux intérêts traditionnels de la Russie, tsariste, soviétique ou poutinienne, mais aussi aux intérêts des puissances ouest-européennes comme la France et l’Italie et même à une puissance germano-centrée ou austro-centrée qui aurait retrouvé sa pleine souveraineté dans le centre de la presqu’île européenne.
Le volet géorgien du sommet de l’OTAN et les futurs échanges sur la Syrie et la présence iranienne en Syrie, entre Trump et Poutine, me paraissent les enjeux les plus intéressants de l’actualité qui se fait et se fera, aujourd’hui et demain, ici à Bruxelles.
Byzanz dürfte 660 v. Chr. durch griechische Dorier als Byzantion gegründet worden sein. Der römische Kaiser Konstantin liess nach sechs Jahren Bau über dem ursprünglichen Byzantion seine Stadt am 11. Mai 330 n.Chr., die später als Konstantinopel seinen Namen erhielt, als Hauptstadt des römischen Reichs konsekrieren. Zu diesem Zeitpunkt war der Kaiser 58 Jahre alt. Konstantin hatte eine neue Metropolis an der Meeresenge, die Asien von Europa trennt, errichten lassen. Nach der Aufteilung des Römischen Reiches 395 n.Chr. wurde die Stadt zur Hauptstadt des oströmischen Reiches. Später wurde dieses Teilreich als byzantinisches Reich bezeichnet.[1] Obwohl ab dem 7. Jahrhundert in Byzanz das Griechische das Latein als Hof- und Verwaltungssprache immer mehr verdrängte, bezeichneten sich die Bewohner der Stadt bis zu ihrer Eroberung durch die Osmanen 1453 immer noch als Römer (Rhomäer).
Immer wieder wurde Konstantinopel während Jahrhunderten durch fremde Völker belagert. Nur zweimal gelang eine Eroberung der Stadt. Die ersten, die eine Eroberung dieser geostrategischen Drehscheibe versuchten, waren die Goten 378 n. Chr.[2]. Es folgte 626 die Belagerung von Konstantinopel durch den Sassaniden Chosro II., dem Herrscher über das neupersische Reich.[3]. Als Folge dieses «letzten grossen Krieges der Antike» waren am Ende beide Reiche ausgeblutet. 636 konnten die arabischen Heere nach der Schlacht von Yarmuk Syrien erobern.[4] 640 folgte die arabische Eroberung von Ägypten und 647 von Nordafrika.[5] Byzanz konnte noch Anatolien, sowie Gebiete auf dem Balkan und in Italien bewahren. 674-78 belagerten die Araber zum ersten Mal Konstantinopel. Durch den Einsatz des griechischen Feuerswurden die arabischen Seestreitkräfte vernichtet.[6] Zu dieser Zeit war das Sassanidenreich bereits durch die Arabererobert worden. 717 folgte die zweite Belagerung Konstantinopels durch die Araber. Wiederum wurde das griechische Feuer eingesetzt. Die Provinzarmeen der Themen waren bei der Abwehr der Araber sehr erfolgreich.[7] Nach dem Sturz der Dynastie der Omayyaden 750 war das Reich durch Angriffe der Araber nicht mehr gefährdet.[8]
Nach der Schlacht von Mantzikert, 1071, verlor Byzanz beinahe ganz Anatolien an die türkischen Seldschuken.[9]Gleichzeitig wurde das Reich durch normannische Abenteurer aus Sizilien und Italien verdrängt. Diese eroberten unter ihrem Anführer Robert Guiscard 1081 auch Illyrien. Nach verlustreichen Kämpfen mussten sich die Normannen unter dem Sohn von Guiscard, Bohemund, nach Italien zurückziehen. Als das Ritterheer des ersten Kreuzzuges 1096 in Byzanz eintraf, war einer der Anführer der Kreuzfahrer der Normanne Bohemund.[10] Sehr bald kam es zu Spannungen zwischen den Kreuzfahrern und Byzanz. 1204 hetzte Venedig, ein früherer Alliierte von Byzanz, die Teilnehmer am vierten Kreuzzug gegen Konstantinopel auf. Im April dieses Jahres wurde die grösste Stadt der Christenheit nach ihrer Eroberung durch die Kreuzfahrer während drei Tagen geplündert und gebrandschatzt.[11] Venedig und seine Alliierten gründeten das kurzlebige Lateinische Kaiserreich. Gleichzeitig entstanden drei byzantinische Nachfolgestaaten, die den Kreuzfahrern Widerstand leisteten.
1261 konnte Michael VIII. Palaiologos (1259-82), Herrscher über das byzantinische Nachfolgereich Nikäa, Konstantinopel zurückerobern.[12] Seine Dynastie konnte während zwei Jahrhunderten über ein Reich herrschen, zu dem Griechenland, Teile von Kleinasien und des Balkans gehörten.[13] Durch dieses kleine Territorium konnten aber nicht genügend Ressourcen für den Unterhalt einer wirkungsvollen Streitmacht generiert werden. Der Sieg von Timur in der Schlacht von Ankara von 1402 verhalf Konstantinopel zu einer Atempause. Schlussendlich eroberte der osmanische Sultan Mehmet II. (1444-46/1451-81) am 29. Mai 1453 dank seinen genuesischen Geschützen und seiner Übermacht von 80’000 Muslimen gegenüber den 7’000 Verteidigern die Stadt. Während 1’000 Jahren hatte Byzanz eine hohe militärische Professionalität bewiesen[14] und während Jahrhunderten Europa vor einer islamischen Eroberung geschützt und bewahrt. Als Dank dafür wurde das Reich der Rhomäer in seinem Abwehrkampf gegen die Osmanen am Ende durch das christliche Abendland im Stich gelassen.
Eines der wichtigsten Ereignisse in der Geschichte von Byzanz war die Taufe des Grossfürsten von Kiew, Wladimir I. der Grosse (980-1015), Nachkomme des Waräger Rjurik (als Rus bezeichnet) 987 nach dem orthodoxen Ritus.[15] Ein Grund für diese Taufe war die Hilfe von Wladimir bei der Rekrutierung von Skandinaviern für die Waräger-Garde des byzantinischen Kaisers. Diese Taufe wurde durch den Vertrag von 1046 und die Heiraten zwischen den beiden Herrschaftshäusern besiegelt.[16] Nachdem die Rus früher mehrmals versucht hatten Byzanz zu erobern, wurden die Beziehungen zwischen den beiden Reichen immer freundschaftlicher. Die heutigen Gebiete von Russland, Serbien, die Ukraine, Belarus, Rumänien und Bulgarien übernahmen Tradition, Kultur und den orthodoxen Glauben von Byzanz.[17]
Nach dem Fall von Konstantinopel bezeichnete der russische Mönch Filofei (Filotheos) in einer Schrift an die russischen Grossfürsten Moskau als das dritte Rom.[18] Im ersten Rom würden Häretiker herrschen und das zweite Rom, Konstantinopel, sei durch die Ungläubigen erobert worden. Dieses Konzept übernahm der Herrscher über Moskau, Grossfürst Ivan IV. (1534-1584). Ivan IV. liess sich 1547 als Nachfolger der byzantinischen Kaiser zum Zar krönen.[19] Die Legimitation dazu konnte er auch mit seinem Grossvater, Ivan III. (1462-1505), begründen, der mit Zoë Palaiologos, Nichte des letzten byzantinischen Kaisers, verheiratet gewesen war.[20] Ivan IV. war nun der einzige freie orthodoxe Herrscher. Seine Religion bestimmte die Kreuzzüge Russlands gegen das katholische Königreich Polen-Litauen, der Feind im Westen, Schweden, das Tartaren-Kanat von Kazan und das osmanische Reich. Ziel der Kriege gegen das osmanische Reich war die Befreiung der Balkan-Völker und Konstantinopels vom türkischen Joch.[21]
Ab dem 16.Jahrhundert wurde Russland in den orthodoxen Kirchen als Erbe von Konstantinopel und der Zar von Russland als Wächter über die gesamte orthodoxe Welt anerkannt.[22] Die russische Kirche war von einer siegreichen Mission gegen die muslimischen Ungläubigen und über die katholische Gegnerschaft überzeugt.[23] Russland hatte den byzantinischen Thron zu bewahren. Von dieser Mission und dem Kreuzzug waren alle Zaren bis und mit der Romanow-Dynastie überzeugt. Die verschiedenen Kriege des russischen Imperiums gegen das osmanische Reich, die vom 18. Jahrhundert bis zum ersten Weltkrieg dauerten, belegen dies.[24] Diese Mission dürfte grundsätzlich auch die Aussenpolitik von Wladimir Putin bestimmen.
Zur Durchsetzung ihrer Interessen in Syrien verfolgen Russland und die Türkei seit 2017 eine Art «Allianz». Syrien soll durch diese gemeinsame «Allianz», zusammen mit der Islamischen Republik Iran, befriedet werden. Wladimir Putin dürfte dabei auch das Ziel verfolgen, die Türkei aus dem westlichen Bündnis NATO herauszubrechen. Der türkische Machthaber Erdogan dürfte seinem Machtstreben im Mittleren Osten frönen und von der Wiedererrichtung des osmanischen Reichs träumen. Auf dem Hintergrund der während Jahrhunderten verfolgten russischen Machtansprüche und der Kriege gegen die Osmanen erscheint diese «Allianz» als widernatürlich. Das Endziel von Russland könnte nach wie vor die «Befreiung» von Konstantinopel von den muslimischen Ungläubigen sein.
[1] Decker, M.J., The Byzantine Art of War, Westholme Publishing, Yardley, Pennsylvania, 2013, P,1.
Notre concept de réussite change avec l’âge. Quand nous sommes jeunes mais pas tout à fait mûrs, nous sommes capables de nous engager dans toutes sortes d’exploits ridicules. Plus tard, quand nous ne sommes plus jeunes du tout, un passage réussi aux toilettes se révèle une cause de célébration. La même chose vaut pour les empires vieillissants. Quand ils sont jeunes, ils détruisent les grands pays importants, mais aident ensuite à les reconstruire. Plus tard, ils se bornent à les détruire. Plus tard encore, ils tentent de détruire des petits pays faibles mais échouent même à faire cela. Finalement, de tels échecs deviennent trop petits pour être même remarqués. Avez-vous remarqué ce qui vient de se passer en Arménie ? Vraiment ?
Au cas où vous ne le sauriez pas, les Arméniens sont l’une des nations les plus anciennes de la Terre. Le pays d’Arménie a commencé comme le royaume d’Urartu autour de 9000 AVANT JÉSUS-CHRIST, et persiste à ce jour, bien que la plupart des Arméniens forment maintenant une nation diasporique, comme les juifs. Jusqu’aux années 1990, l’Arménie faisait partie de l’URSS et a grandement bénéficié de cette inclusion, mais après la dissolution de l’URSS, elle est entrée dans un état de langueur. La quasi-totalité de l’industrie que les Soviétiques avaient construite en Arménie a cessé ses activités et les spécialistes qui y travaillaient se sont dirigés vers des cieux plus cléments et plus pollués. L’Arménie s’est désindustrialisée et elle est devenue en grande partie agraire, avec une économie axée sur des produits tels que les abricots, le vin et l’eau-de-vie, ainsi qu’un peu de tourisme.
Les difficultés de l’Arménie sont liées à certains problèmes causés par son emplacement. L’Arménie est enfermée, sans accès aux routes commerciales principales. Elle est bordée de pays qui sont pour elle inutile ou hostile : la Géorgie est plus ou moins hostile et aussi économiquement inutile ; la Turquie est utile mais hostile ; l’Azerbaïdjan aussi (habité par des Turcs azéris) ; l’Iran est inutile (et le nord est également habité par des Turcs azéris). Ajoutez à cette composition de base quelques ingrédients épicés telle que cette région disputée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan (Le Haut-Karabagh), qui est habitée par des Arméniens mais revendiquée par l’Azerbaïdjan, et qui nécessite la présence de Casques bleus russes pour le maintien du statu quo, et vous avez une recette pour des limbes économiques et politiques.
Les choses semblaient un peu tristes en Arménie, mais ensuite elle a rejoint l’Union économique eurasienne, qui est une zone de libre-échange qui comprend la Russie et d’autres anciennes républiques soviétiques. Elle offre une très large zone de libre circulation des capitaux, des biens et de la main-d’œuvre et prévoit des garanties de sécurité. Grâce en grande partie à son adhésion à l’UEE, l’économie arménienne a connu une croissance fulgurante de 7,5% l’année dernière et les gens de Washington DC et de Langley (siège de la CIA) se sont assis et en ont pris note. L’establishment américain considère ces réussites centrées sur la Russie comme des plus troublantes. Il était temps de prendre l’Arménie au lasso.
Le fait qu’Erevan, la capitale de l’Arménie, abrite la deuxième plus grande ambassade des États-Unis au monde a été très utile à cet égard. Ajoutez à cela la présence d’ONG occidentales, richement financées par George Soros et d’autres, pour aider à élaborer un projet constructif. Tous, pour le dire sans ambages, ont poussé en direction du démantèlement de l’Arménie et de sa transformation en un autre territoire dénaturé géré à la perfection par des bureaucrates et des banquiers internationaux. En particulier, ils ont poussé une réforme constitutionnelle qui aurait fait passer le pays d’une république présidentielle à une république parlementaire (un pas vers le gouffre pour un pays qui est dans un état permanent de quasi guerre à cause de voisins hostiles et de territoires contestés).
Ajoutez à cela le fait que l’Arménie est dirigée par des tendres. C’est le fléau des nations diasporiques dont le pays d’origine finit à peu près entièrement rempli d’imbéciles. Prenez une population de rats. (Attention, je ne compare pas les Arméniens aux rats, je compare l’Arménie à une expérience de laboratoire.) Laissez s’échapper tous les rats assez intelligents pour traverser un labyrinthe ou, dans le cas de l’Arménie, apprendre une langue étrangère, obtenir un passeport et un visa, et trouver un emploi dans un pays étranger. Quelques générations plus tard, la plupart des rats qui ne se sont pas échappés sont cons comme la lune.
Aussi le Syndicat de la révolution de couleurs s’est mis au travail. Après quelques jours de manifestations dans la rue qui ont paralysé la capitale, le Parlement a été suffisamment intimidé pour élire un Premier ministre, Nikol Pashinyan, un politicien dont la fraction parlementaire pèse moins de 10%. L’effort a été soutenu par le fait que l’ancien Premier ministre était plutôt fou et ne semblait pas aimer son travail, de toute façon. Le Premier ministre nouvellement élu serait un réformateur pro-occidental.
Je pensais que le Syndicat de la révolution de couleurs était à peu près mort. En effet, toutes les grandes nations ont développé une immunité contre lui. Sa dernière victime a été l’Ukraine, qui traverse encore les différentes étapes de son effondrement. La Russie est maintenant clairement immunisée. Le champion des Occidentaux, Alexeï Navalny, qui avait été endoctriné par la technologie politique de la Révolution de couleurs à Yale et qui devait un jour renverser Poutine avec l’aide d’une foule d’adeptes idiots, est maintenant un joueur de pipeau utilisé par le Kremlin pour débarrasser les villes de ces idiots adolescents. La Hongrie vient d’interdire Soros avec tous ceux qui fricotent trop près de ses “ONG”. Mais les révolutionnaires colorés refusent de mourir. Après tout, ils ont encore de l’argent à dépenser pour déstabiliser des régimes qui deviennent trop confortables avec Moscou ou refusent de jouer au ballon avec Washington. Et ainsi, ils ont décidé de choisir une petite cible bien molle : l’Arménie.
Mais même en Arménie, les choses n’ont pas vraiment fonctionné comme prévu. Les planificateurs de la Révolution colorée ont négligé de prendre en compte certains paramètres de l’équation politique arménienne. Premièrement, l’Arménie tire une grande partie de ses revenus des Arméniens qui vivent et travaillent en Russie. Deuxièmement, environ la moitié de la population arménienne, pour le dire d’une manière politiquement incorrecte mais précise, est russe : elle parle russe, elle est adaptée culturellement à la Russie, et c’est encore une autre nation qui fait partie de la grande famille de plus de 100 nations distinctes qui se disent russes. Troisièmement, Nikol Pashinyan est un homme inconstant. Il a commencé en tant que nationaliste, puis est devenu pro-occidental, et demain il deviendra ce qu’il faut en fonction de la direction du vent. Il a du charisme, mais il est globalement un poids léger : un étudiant inconstant sans expérience de gouvernement ou dans les affaires, mais qui a un opportunisme certain.
La nature malléable de Pashinyan est devenue évidente car il a bien vendu sa candidature devant le Parlement arménien. Au début, il n’avait pas du tout de plate-forme. Il a juste fait de vagues bruits pro-occidentaux. Réalisant que cela ne marcherait pas, il a changé de vitesse et il est devenu résolument pro-russe. Assurément, après avoir pris ses fonctions de Premier ministre, sa première rencontre en tant que chef d’État fut avec Vladimir Poutine, et les déclarations publiques ont porté sur les liens qui unissaient les grande et moins grande nations que sont la Russie et l’Arménie. Il a ensuite assisté au sommet de l’UEEA à Sotchi, semblant un peu tendre à côté de tous les hommes d’État chevronnés rassemblés là-bas. Mais il a obtenu des claques rassurantes sur les épaules de la part des divers dignitaires eurasiens. Le message de base semblait être « ne merdez pas, et vous obtiendrez une croissance annuelle du PIB de 7,5% et vous aurez l’air d’un héros ».
Alors, qu’est-ce que Washington, Langley, Soros et le reste du syndicat des Révolution de couleurs ont obtenu après tous ces efforts et les dizaines, peut-être centaines de millions de dollars qu’ils ont dépensés pour transformer l’Arménie en une nation vassale occidentale ou, à défaut, en un État failli à moyen terme ? Je suis proche d’être persuadé qu’eux-mêmes ne connaissent pas la réponse à cette question. Les brillants géopoliticiens occidentaux ont regardé une carte et, voyant un petit pays vulnérable et faible positionné stratégiquement entre la Russie et l’Iran, ils ont pensé: « Nous devrions y aller et mettre le bordel. » Ils l’ont fait. En observant les résultats, on se dit qu’ils auraient tout aussi bien pu rester à la maison, faire un bon passage aux toilettes et célébrer leur victoire.
Les Etats-Unis veulent l’escalade : Pompeo annonce « les sanctions les plus dures de toute l’histoire » !
Washington : Téhéran et même les Européens usent de la diplomatie dans le conflit du nucléaire iranien. Les Etats-Unis, en revanche, ne cessent de chercher la confrontation e l’escalade. Le ministre américain des affaires étrangères, Mike Pompeo, a annoncé, sans circonlocutions, “les sanctions les plus dures de toute l’histoire” contre l’Iran. La pression financière sera plus forte que jamais, a-t-il déclaré à Washington dans un discours révélant ses principes d’action. Lorsque toutes les mesures punitives entreront en action, l’Iran devra se battre pour maintenir son économie en vie.
Pompeo a soumis douze exigences aux dirigeants iraniens, ce qui équivaut à du chantage car certaines d’entre elles sont irréalisables en pratique, comme, par exemple, le retrait des troupes iraniennes hors de Syrie. Dans ce pays, les Iraniens sont aux côtés des Russes depuis plusieurs années pour battre et éliminer les milices terroristes de l’Etat dit islamique. Les sanctions ne seront levées que si l’Iran change de politique sur le long terme, a ajouté Pompeo expressis verbis. Il a déclaré : « Nous exercerons une pression financière sans exemple sur le régime iranien. Les dirigeants de Téhéran ne pourront jamais douter de notre détermination ».
Mais les chantages américains affectent désormais les Européens aussi. Pompeo s’est adressé à l’Union Européenne pour dire que les entreprises qui feront des « affaires interdites » avec l’Iran, devront faire face à leurs responsabilités. Pompeo a présenté la nouvelle stratégie iranienne du gouvernement américain lors d’un événement organisé par le think tank néoconservateur Heritage Foundation.
Deux sommets récents, la poignée de mains transfrontalière des présidents Kim et Moon, qui a surpris le monde entier, et la promenade de santé amicale sur les berges du lac à Wuhan entre les présidents Xi et Modi, ont pu donner l’impression que le processus d’intégration eurasiatique est entré dans une phase plus calme. Or, cela n’est pas vraiment le cas. Ce serait plutôt un retour à la confrontation : comme on pouvait s’y attendre, la mise en pratique de l’accord sur le nucléaire iranien, connu sous l’acronyme disgracieux de JCPOA (en français l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien), est au cœur du problème. Fidèles au processus lent de leur projet d’intégration eurasiatique, la Russie et la Chine sont les plus fidèles soutiens de l’Iran.
La Chine est le premier partenaire commercial de l’Iran, en particulier grâce au volume des ses importations énergétiques. L’Iran, de son côté, est un importateur net de denrées alimentaires. La Russie entend couvrir cette demande alimentaire.
Les sociétés pétrolières chinoises aident au développement des immenses champs pétrolifères de Yadaravan, dans le nord des champs pétrolifères d’Azadegan. La CNPC (China National Petroleum Corporation) a acquis 30% des parts du projet pour exploiter South Pars, le plus grand gisement de gaz naturel au monde. Un contrat de 3 milliards de dollars a été signé pour remettre à niveau les raffineries pétrolières iraniennes, dont un contrat entre Sinopec et la NIOC (National Iranian Oil Company) pour agrandir l’ancienne raffinerie d’Abadan.
Lors d’une visite d’État célèbre effectuée en 2015 juste après la signature de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, le président Xi Jinping a annoncé un projet ambitieux de multiplier par dix le commerce bilatéral entre les deux pays à hauteur de 600 milliards de dollars dans la prochaine décennie.
L’Iran est au cœur du dispositif de Pékin des Nouvelles Routes de la soie (aussi appelé « Une ceinture, Une route »). Un de ses projets d’infrastructures majeur est une ligne ferroviaire à grande vitesse de 926 kilomètres reliant Téhéran à Mashhad ; la Chine a alloué un prêt de 1,6 milliards de dollars à ce qui fut le premier projet en Iran bénéficiant du soutien d’un pays étranger après la signature de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien.
De folles conversations à Bruxelles font état de l’impossibilité qu’ont les banques européennes de financer des projets en Iran, à cause des féroces sanctions imprévisibles imposées par Washington, dont l’obsession pour l’Iran n’est plus à démontrer. Cette paralysie européenne a ouvert la voix à la CITIC (China International Trust Investment Corporation) pour débloquer plus de 15 milliards de dollars en crédits disponibles pour ces projets.
La Banque pour l’exportation et l’importation de Chine (placée sous la tutelle directe du Conseil des affaires de l’État) a jusqu’à présent financé 26 projets en Iran, de la construction d’autoroutes, à l’extraction minière en passant par la production d’acier, pour un montant de 8,5 milliards de dollars US en prêts. SinoSure (une compagnie d’assurance pour les entités qui prêtent des fonds à l’export, l’équivalent en Chine de la COFACE française) a quant à elle signé un protocole d’accord pour assister les sociétés chinoises qui investissent dans des projets d’infrastructures en Iran.
La société d’État chinoise National Machinery Industry Corp. a signé un contrat de 845 millions de dollars pour construire une ligne ferroviaire de 410 kilomètres dans l’ouest de l’Iran reliant Téhéran à Hamedan et Sanandaj.
Des rumeurs persistantes font état du fait que la Chine pourrait à long terme remplacer l’Inde en manque de fonds propres dans le développement du port stratégique de Chabahar, sur la mer d’Arabie, qui est le point de départ suggéré pour une mini route de la Soie indienne reliant l’Inde à l’Afghanistan, et contournant le Pakistan.
Ainsi, au milieu de cette tornade de contrats, Beijing ne cache pas son mécontentement vis-à-vis de l’attention portée par le Ministère de la Justice américain à la société chinoise Huawei, principalement à cause des fortes ventes de téléphones mobiles d’entrée de gamme qu’elle enregistre sur le marché iranien.
C’est chic de voler en Sukhoï
La Russie réplique, et dépasse même l’offensive commerciale chinoise en Iran. Habituellement très lente dans ses décisions d’acquisitions d’avions américains ou européens, la compagnie aérienne Aseman Airlines a décidé d’acquérir 20 Sukhoï SuperJet 100, tandis qu’Iran Air Tours, une filiale d’Iran Air, en a commandé une autre vingtaine. Les deux commandes, d’un montant de plus de deux milliards de dollars, ont été scellées la semaine dernière lors de l’édition 2018 du Eurasia Airshow, organisé à Antalya en Turquie, sous la supervision du vice-ministre russe à l’Industrie et au Commerce, Oleg Bocharov.
L’Iran et la Russie sont tous deux les cibles des sanctions américaines. Malgré des différends historiques, les deux nations se rapprochent de plus en plus. Téhéran peut apporter une profondeur stratégique à la présence russe en Asie du sud-ouest. Et Moscou est un soutien inconditionnel de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, qui est au cœur du problème. Le partenariat entre Moscou et Téhéran prend en tous points la même direction que le partenariat stratégique développé entre Moscou et Beijing.
Selon Alexander Novak, le ministre de l’Énergie de la Russie, le contrat « pétrole contre nourriture » passé en 2014 entre Moscou et Téhéran est entré en vigueur, avec un achat quotidien de 100,000 barils de brut iranien par la Russie.
La Russie et l’Iran coordonnent étroitement leurs politiques énergétiques. Six accords ont été signés pour collaborer sur des achats stratégiques dans le domaine de l’énergie, d’un montant total de trente milliards de dollars. Selon l’assistant du président Poutine, Iouri Ouchakov, l’investissement de la Russie dans le développement des gisements de pétrole et de gaz naturel iraniens pourrait atteindre 50 milliards de dollars.
L’Iran va officialiser sa participation à l’initiative russe d’Union économique eurasiatique avant la fin de l’année. Et grâce au soutien vigoureux de la Russie, l’Iran deviendra en 2019 un membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai.
L’Iran est coupable parce que nous l’avons décrété
Mettons ceci en perspective avec la politique iranienne de l’administration Trump.
À peine confirmé dans sa fonction de Ministre des affaires étrangères, le premier voyage à l’étranger de Mike Pompeo en Arabie saoudite et en Israël est dans les fait un partage d’information avec ses alliés de la décision de Trump du retrait imminent des États-Unis de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, prévu pour le 12 mai. Cela, dans les faits, implique l’application de toute une série de nouvelles sanctions des États-Unis à l’encontre de l’Iran.
Riyad, par l’intermédiaire du « chouchou du Capitole », le prince Mohammed ben Salmane (MBS), sera tout entière dans le camp anti-Iran. Parallèlement, MBS ne relâchera pas son blocus raté sur la Qatar, même si l’administration Trump pourrait le lui demander, ni le désastre humanitaire qui résulte de son invasion du Yémen.
Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y aura aucun front commun du Conseil de coopération des États arabes du Golfe contre l’Iran. Le Qatar, Oman et le Koweït considèrent un tel front comme contre-productif. Cela laisse l’Arabie saoudite, les Émirats, et le vassal à peine déguisé et largement inutile de l’Arabie saoudite, Bahreïn.
Sur le front européen, le président Macron s’est autoproclamé Roi d’Europe officieux, se vendant à Trump comme l’exécuteur pressenti des restriction sur le programme de missiles balistiques de l’Iran, et celui qui intimera l’ordre à l’Iran de se tenir à l’écart de la Syrie, de l’Irak et du Yémen.
Macron a établi un parallèle direct et manifestement absurde entre le fait que Téhéran ait démantelé son programme d’enrichissement de l’uranium (y compris la destruction de ses stocks d’uranium enrichi à moins de 20%) et le fait que la France serait le porte-flingue ayant aidé Bagdad et Damas à écraser Daech et les autres entrepreneurs du djihad salafiste.
Il n’est pas étonnant que Téhéran, tout comme Moscou et Beijing, établissent un parallèle entre les énormes contrats d’armement entre les États-Unis et Riyad, ainsi que les importants investissements de MBS en Occident, et les tentatives de Washington et Paris de renégocier l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien.
Le porte-parole de Poutine, Dmitry Peskov, est catégorique : l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien est le résultat de négociations ardues entre sept protagonistes pendant plusieurs années. « La question est de savoir s’il est encore possible d’atteindre un tel succès dans le contexte actuel ? ».
Certainement pas
La rumeur a commencé à circuler à Moscou, Beijing, et même Bruxelles, que l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien irrite Trump car il est, dans les faits, un accord multilatéral qui ne met pas en avant la primauté des intérêts américains, qui plus est qui a été négocié par l’administration Obama.
Le pivot vers l’Asie opéré par l’administration Obama, dont le succès reposait largement sur le règlement du dossier du nucléaire iranien, a eu pour conséquence le déclenchement d’une série d’événements géopolitiques accidentels.
Les factions néo-conservatrices à Washington ne pourront jamais accepter une normalisation des relations entre l’Iran et l’Occident. Malgré cela, non seulement l’Iran fait des affaires avec l’Europe, mais se rapproche de ses partenaires eurasiatiques.
Jeter de l’huile sur le feu de la crise nord-coréenne pour tenter de provoquer Pékin a finalement mené au sommet Kim-Moon qui a désarmé la clique belliqueuse qui poussait au bombardement de la Corée du Nord. Sans compter que la Corée du Nord, même avant que ne se tienne le sommet Kim-Moon, suit attentivement les évolutions de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien.
En résumé, le partenariat sino-russe ne tolèrera pas la renégociation de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, pour un certain nombre de raisons.
Sur la question des missiles balistiques, la priorité de Moscou est de vendre ses batteries de missiles S-300 et S-400 à Téhéran, sans tenir compte des sanctions américaines.
L’alliance Russie-Chine pourrait accepter une extension de la « clause crépusculaire » décennale [une clause de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien qui rend caduque cet accord au bout de dix ans, et que les néoconservateurs critiquent car elle donnerait à Téhéran la possibilité de ne rien faire pendant une décennie jusqu’à ce que cet accord arrive à terme, NdT], même s’ils ne forceront pas l’Iran à accepter cette renégociation.
Sur la question syrienne, Damas est considérée comme un allié indispensable à la fois pour Moscou et Beijing. La Chine investira dans la reconstruction de la Syrie, et dans sa transformation en nœud central de la portion sud-ouest asiatique des Nouvelles routes de la Soie. Ainsi, la rhétorique « Assad doit partir » est malvenue. L’alliance Russie-Chine considère Damas comme un acteur essentiel de la lutte contres tous les divers entrepreneurs du djihad salafiste qui pourraient être tentés de revenir et de semer le chaos en Tchétchénie et au Xinjiang.
Il y a une semaine, lors d’une réunion ministérielle de l’Organisation de coopération de Shanghai, l’alliance Russie-Chine a communiqué une déclaration conjointe soutenant l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien.
C’est donc bien un autre des piliers fondamentaux de l’intégration eurasiatique que l’administration Trump cherche à dynamiter.
L’Italie forme l’épicentre du virage fatal de l’UE
Auteur : Tom Luongo
Tom Luongo
Ex: http://www.zejournal.mobi
La clarté est ici dans les discussions de la coalition italienne. Et les marchés détestent ce qu’ils voient. Bruxelles aussi.
La dette italienne à cinq ans a explosé de plus de 1%, les écarts de CDS ont progressé de plus de 20 points de base en une semaine. Les marchés tentent d’effrayer ces outsiders désormais en charge de l’Italie pour assouplir leurs positions sur la réforme et maintenir un statu quo qui détruit un grand pays et une grande culture.
La Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles ont réclamé 250 milliards de dollars d’allégement de dette de la part de la BCE. Il y avait aussi une demande pour développer un mécanisme permettant aux pays de quitter l’euro, selon un rapport, maintenant discrédité, de Reuters .
La proposition finale ne contient aucun de ces propos incendiaires, mais ne croyez pas que la fuite ne faisait pas partie de leur stratégie de négociation ou qu’elle ne faisait pas partie de l’objectif final.
Parce que le reste de la proposition est déjà assez hostile à Bruxelles (voir ci-dessous). Et avec le président de la BCE, Mario Draghi, qui signale maintenant la nécessité de consolider la dette souveraine européenne sous son égide, ce n’est pas nécessaire pour le moment.
Voici la version de Martin Armstrong :
Pour que tout le monde comprenne de quoi il s’agit, le président de la BCE, Mario Draghi, a proposé de regrouper les pays de la zone euro pour créer un « nouveau véhicule plus fort » comme instrument de crise pour sauver l’Europe. Il soutient que cela devrait empêcher les pays de s’éloigner les uns des autres en cas de chocs économiques graves. Draghi dit que cela apportera « une couche supplémentaire de stabilisation » ce qui est une expression de code pour le prochain krach obligataire. [Mis en gras par moi]
Cela me dit que Draghi comprend à quel point les choses vont mal et que les dirigeants italiens savent qu’ils ont le dessus dans les négociations sur la dette.
Ils sont prêts à faire pression sur Bruxelles pour obtenir ce qu’ils veulent. Et ils devraient le faire. Le leader de la ligue, Matteo Salvini, comprend à quel point l’euro administré par l’Allemagne a été ruineux pour l’Italie et la majeure partie de l’Europe.
Donc, pour lui, si le prix à payer pour que l’Italie reste dans l’UE, c’est forcer les pays du Nord à accepter la consolidation de la dette et la dépréciation, alors qu’il en soit ainsi.
S’ils n’acceptent pas cela, la nouvelle direction de l’Italie est prête à se tourner vers le peuple et à dire : « Nous avons essayé. Qu’ils aillent se faire foutre. Continuons notre route ».
Tout cela me dit qu’ils ont manœuvré la presse et l’establishment politique pour en arriver là.
Diviser les divisions
La proposition de la coalition est un méli-mélo de prescriptions politiques de droite et de gauche qui rendront fous le FMI et Bruxelles. Mais, ces deux partis très différents doivent parvenir à un accord s’ils veulent arracher le contrôle de Rome à la folie du statu quo en Europe, qui ne sert les intérêts de personne, sauf des mondialistes qui se tiennent derrière les visages publics de l’UE – Juncker, Merkel, Tusk, Macron, etc.
La Ligue est un ancien parti sécessionniste qui a servi les régions septentrionales de la Vénétie et de la Lombardie avec des discussions sur la responsabilité fiscale et des impôts beaucoup plus bas. Le Mouvement Cinq Étoiles est né de la dégradation de l’économie et du tissu social de l’Italie du Sud à cause de la pourriture politique émanant à la fois de Rome et de Bruxelles.
L’un réclame une baisse des impôts et de la réglementation, l’autre veut des pensions généreuses et un revenu universel. Ce ne sont pas des différences faciles à surmonter. Mais ils l’ont fait, ne satisfaisant personne. Cela, pourtant est le prix d’un mélange si éclectique de positions politiques.
Cela dit, ils sont clairement d’accord sur les deux questions les plus importantes pour l’avenir de l’Italie, à savoir l’immigration et la place de l’Italie au sein de l’UE.
Les deux parties veulent faire passer l’Italie en premier. Et le programme législatif maintenant proposé semble s’inscrire dans cette veine, tout en ne paraissant pas (à première vue) trop radical. Dans le rapport de Zerohedge ce matin :
Ils veulent obtenir des taux d’imposition de 15 % et 20 % pour les entreprises et les particuliers.
Un revenu minimum garanti pour les Italiens les plus pauvres
Un revenu de base universel de 780 euros par personne et par mois, financé en partie par l’UE
La fin des sanctions contre la Russie
Il n’y a aucune mention d’un référendum sur l’adhésion à l’UE ou à l’euro
Un accord pour atteindre les objectifs du traité de Maastricht
Il n’y a aucune intention de demander à la BCE d’annuler sa dette
Ils appellent à relancer la compagnie aérienne Alitalia
Ils veulent mettre un terme à la réforme des retraites de Fornero
L’impôt forfaitaire deviendra un taux double avec des déductions
Ils veulent apporter une forte contribution à la politique d’immigration de l’UE
Le plan prévoit la redéfinition de la mission du prêteur Monte dei Paschi di Siena
Les lignes en gras sont les plus importantes, tandis que les marchés se concentrent sur les changements fiscaux et le revenu universel.
Oubliez ça. Si l’Italie parvient à obtenir que l’UE lève les sanctions russes, à retirer la politique d’immigration d’Angela Merkel et fournir un plan pour traiter avec les banques italiennes insolvables, ce serait une victoire titanesque.
Ce sont les questions qui sont au cœur des problèmes fondamentaux de l’UE – son manque de cohésion bancaire et sa bureaucratie antidémocratique.
La vente douce à Italeave
Donc, bien que tout cela semble montrer qu’ils ont cédé sur les positions les plus extrêmes, en fait, ce n’est pas le cas. Le budget de l’Italie est écrasé par le coût des migrants de Merkel. Les deux parties estiment manifestement que la croissance peut revenir dans l’économie italienne au sein de l’euro en abaissant radicalement les taxes pour réévaluer le travail italien à la baisse. Cela lui donnerait un avantage par rapport à l’Allemagne tout en restant dans l’euro.
Ensuite, l’émission d’une nouvelle monnaie parallèle, le Mini-BOT, circulera sur le marché intérieur pour réduire le besoin en euros dans l’économie nationale et libérer les problèmes budgétaires de l’Italie concernant ses besoins de service de la dette.
Ce que je dirais à ce sujet, c’est que les taux de rendement des Mini-BOT s’amélioreront bientôt parce que le service de la dette de l’Italie est extrêmement faible grâce à la politique de taux d’intérêt négatifs de la BCE. Et une fois que le dollar aura commencé à monter, les décisions d’allégement et de consolidation de la dette peuvent être prises par n’importe quel groupe.
Merkel est dépassée
Le problème maintenant c’est le temps. La politique de pression de Donald Trump sur l’Iran et la Russie crée le genre d’incertitude que personne ne peut prédire. Il contraint les dirigeants européens à se rassembler et à déclarer leur opposition aux diktats de Washington et à forger une identité indépendante tout en cherchant à mettre fin aux divisions et méfiances culturelles qui ont mené à ce moment, faute d’unanimité fiscale.
Il est clair pour moi que les nouveaux dirigeants italiens comprennent cela avec la somme et la substance de ces points politiques. Ils pensent pouvoir réaligner la politique intérieure de l’Italie en faveur de l’Italie tout en forçant Bruxelles à faire face à la responsabilité de faire avancer l’Europe d’une manière beaucoup plus équitable que par le passé.
C’est peut-être la raison pour laquelle Angela Merkel a rendu visite au président russe Vladimir Poutine pour la deuxième fois en deux semaines après n’avoir envoyé que des représentants au cours des quatre dernières années. Ils ne parlaient pas seulement de l’accord avec l’Iran.
Non, cette rencontre avait pour but de sortir l’Allemagne de l’emprise de Trump tout en évitant d’encourir sa colère. Le long jeu de patience diplomatique de Poutine a été la bonne voie dès le début. C’est toujours le pari de laisser votre adversaire bluffer et fanfaronner, se frapper la poitrine et avoir des exigences qu’il n’a pas les moyens de faire respecter.
Finalement, les observateurs finissent par se rendre compte que tout cela n’est que de l’air chaud. Au fil du temps, le coût de la résistance à l’intimidation diminue et les avantages de se joindre à un nouveau groupe augmentent. Pour l’Allemagne, c’est l’énergie. Le gaz russe et le pétrole iranien sont nécessaires à l’Allemagne pour maintenir sa compétitivité et Trump sape ces deux derniers avec son manque de diplomatie.
Le refus de Merkel de ses concessions tarifaires proposées pour abandonner le gazoduc Nordstream 2 et acheter du GNL plus cher à Cheniere Energy était plus important qu’on ne le pense. Il n’y a aucune raison pour Merkel de croire que la politique américaine sous Trump ou n’importe quel futur président ne fera pas de volte-face. Pendant ce temps, les pipelines sont pratiquement éternels.
Et Merkel est assez avisée pour mettre son ego de côté, après avoir été déjouée par Poutine sur l’Ukraine, et pour tenir la ligne sur Nordstream 2.
Le grand renversement
Merkel a une voie de sortie ici. Et l’Italie vient de la lui donner. Je ne suis pas sûr qu’elle soit assez intelligente pour le voir.
La BCE veut une consolidation de la dette et un contrôle accru. Pour que l’UE survive, c’est nécessaire. Les Allemands et les autres pays du Nord ne veulent pas être vus en train de renflouer les pays du « Club Med ». Cela serait interprété comme une autre soumission à Washington et à New York. Merkel ne peut pas passer par d’horribles négociations sur l’allégement de la dette comme elle l’a fait avec la Grèce en 2015. Cela détruirait ce qui reste de son capital politique. Si elle se dresse contre Trump sur l’Iran, cependant, elle gagne beaucoup. L’incertitude quant à la réaction de Trump fait baisser l’euro, poussant la BCE à agir enfin sur la dette.
Les Européens veulent des relations normalisées avec la Russie et un commerce ouvert, en particulier l’industrie allemande. Il y a des dizaines de milliards de possibilités d’investissements en Russie et en Crimée qui n’attendent que la fin des sanctions pour être utilisés, surtout avec un rouble affaibli par les sanctions débiles de Trump.
Il n’y a que la Pologne et les pays baltes qui ne le veulent pas. Mais ils n’ont pas d’importance. Il suffit qu’un seul ministre des Finances vote contre l’extension des sanctions russes pour y mettre fin. Si Merkel tient tête aux États-Unis sur l’Iran, il est plus facile pour l’Italie de forcer l’Allemagne à cesser de harceler tout le monde pour les maintenir.
L’Italie lâche la bombe pour mettre fin aux sanctions russes en juillet. Merkel, « à contrecœur » est d’accord avec cela. Les soucis de Northstream 2 disparaissent. L’UE et la Russie forment un front uni contre d’avantage de belligérance américaine en Ukraine.
Au cours des pourparlers sur la restructuration de la dette à Monte dei Paschi, Merkel et Draghi ont introduit de nouveaux mécanismes de consolidation de la dette comme modèle pour l’avenir.
Est-ce que je pense que c’est le scénario le plus probable ? Non. Mais c’en est un qui pourrait se réaliser si Merkel lit correctement les vents politiques changeants. Si elle commence à penser dans l’intérêt à long terme de l’Allemagne, c’est exactement ce qu’elle fera.
Et elle aura à remercier les eurosceptiques détestés d’Italie pour avoir sauvé son héritage et l’Europe d’une marginalisation politique et économique.
In the clearest sign to date, EU Ambassadors to Beijing have just released a document critical of China’s vast Belt, Road Initiative or New Economic Silk Road infrastructure project. All EU ambassadors excepting Hungary signed off on the paper in a declaration of growing EU opposition to what is arguably the most promising economic project in the past century if not more. The move fits conveniently with the recent Trump Administration targeting of China technology trade as tensions grow .
Chinese President Xi Jinping first proposed what today is the Belt, Road Initiative, today the most ambitious infrastructure project in modern history, at a university in Kazakhstan five years ago in 2013. Despite repeated efforts by Beijing to enlist the European Union as a whole and individual EU member states, the majority to date have remained cool or distant with the exception of Hungary, Greece and several eastern EU countries. When China officially launched the project and held an international conference in Beijing in May 2017, it was largely boycotted by EU heads of state. Germany’s Merkel sent her economics minister who accused the Chinese of lack of commitments to social and environmental sustainability and transparency in procurement.
Now 27 of 28 EU ambassadors in Beijing have signed a statement suspiciously similar to that of the German position. According to the German business daily, Handelsblatt, the EU ambassadors’ declaration states that the China BRI “runs counter to the EU agenda for liberalizing trade and pushes the balance of power in favor of subsidized Chinese companies.” Hungary was the only country refusing to sign.
The latest EU statement, soon to be followed by a long critical report on the new Silk Road from the EU Commission in Brussels, fits very much the agenda of the Trump Administration in its latest trade tariffs against Chinese goods that alleges that Chinese companies force US partners to share technology in return for projects in China.
Moreover, the EU Commission has just released a long report on China in connection with new EU anti-dumping rules. The report declares that the fact that China is a state-directed economy with state-owned enterprises engaging in the construction of the Belt Road Initiative is in effect “the problem.” China answers that her economy is in the “primary stage of socialism”, has a “socialist market economy” and views the state-owned economy as the “leading force” of national development. The targeting of China’s state enterprises and of its state-directed economic model is a direct attack on her very economic model. Beijing is not about to scrap that we can be sure.
The latest stance of EU member states, led by Germany and Macron’s France, is an attempt to pressure China into adhering to the 2013 World Bank document, China 2030. There, as we noted in an earlier analysis, it declared that China must complete radical market reforms, to follow the failed Western “free market” model implemented in the West since the 1970’s with disastrous consequences for employment and stability. China 2030 states, “It is imperative that China … develop a market-based system with sound foundations…while a vigorous private sector plays the more important role of driving growth.” The report, cosigned then by the Chinese Finance Ministry and State Council, further declared that “China’s strategy toward the world will need to be governed by a few key principles: open markets, fairness and equity, mutually beneficial cooperation, global inclusiveness and sustainable development.”
As Xi Jinping established his presidency and domination of the Party after 2013, China issued a quite different document that is integral to the BRI project of President Xi. This document, China 2025: Made in China, calls for China to emerge from its initial stage as an economy assembling technologies for Apple or GM or other Western multinationals under license, to become self-sufficient in its own technology. The dramatic success of China mobile phone company Huawei to rival Apple or Samsung is a case in point. Under China 2025 the goal is to develop the next transformation from that of a cheap-labor assembly economy to an exporter of Made in China products across the board from shipbuilding in context of the Maritime Silk Road to advanced aircraft to Artificial Intelligence and space technologies.
Refusal to Constructively Engage
By its recent critical actions, the EU Commission and most EU states are, while not slamming the door shut on what is developing as one of the few positive growth spots outside military spending in the world today, doing everything to lessen the engagement of EU states in the BRI.
For its part, China and Chinese state companies are investing in modernizing and developing deep water ports to handle the new Silk Road trade flows more efficiently. China’s State Oceanic Administration (SOA) is responsible for developing the so-called “blue economy” maritime ports and shipping infrastructure, the “belt” in Belt and Road. Last year China’s marine industries, exploitation of ocean resources and services such as tourism and container and other transport, generated the equivalent of more than $1 trillion turnover. Little wonder that China sees investment in ocean shipping and ports a high priority
Sea lane shipping via the Malacca Strait and Suez is at present China’s life line for trade to EU states and vulnerable to potential US interdiction in event of a serious clash. Today twenty-five percent of world trade passes through the Malacca Strait. Creation of a network of new ports independent of that vulnerable passage is one aim of the BRI
The Piraeus Example
China’s Maritime Silk Road envisions directing state investment into key sectors such as acquisition of port management agreements, investment in modernized container ports and related infrastructure in select EU states.
At present the most developed example is the Greek port of Piraeus, operated under an agreement with the Chinese state company, COSCO, as port operator. Modernization and more than €1.5 billion investment from China has dramatically increased the port’s importance. In 2016 Piraeus’s container traffic grew by over 14 percent and COSCO plans to turn Piraeus into the fifth largest European port for container traffic. Before COSCO, it was not even in the EU top 15 in 2007. In 2016 COSCO bought 51% of Piraeus Port Authority for €280 million, and now owns 66%. Last year Piraeus Port, COSCO and Shanghai Port Authority, China’s largest container port, signed a joint agreement to further boost trade and efficiency at Piraeus. Greek Deputy Economy Minister Stergios Pitsiorlas said at the time, “The agreement means that huge quantities of goods will be transported to Piraeus from Shanghai.”
As the economically-troubled Greek economy produces few products China needs, China has encouraged growth of a mainstay of Greece’s economy, tourism trade with China. This year an estimated 200,000 Chinese tourists will visit Greece and spend billions there. As Piraeus is also a port for luxury cruise liners, Chinese cruise operators are servicing that as well. China company Fosun International, engaged in modernizing the former site of Athens Airport into one of the biggest real-estate projects in Europe, is also interested in investing in Greek tourism. Significantly, they own a share in Thomas Cook Group and are designing holiday packages aimed at the huge China tourist market. Fosun sees 1.5 million Chinese tourists in Greece in the next five years and is investing to accommodate at least a fair share.
Piraeus is only one part of China’s larger maritime strategy. Today Chinese ships handle a mere 25% of Chinese ocean container shipping. Part of the Made in China 2025 transformation is to increase that by investing in state-of-the-art commercial shipbuilding modernization. China’s State Oceanic Administration and the NDRC national development council have defined select industries in the port and shipbuilding sector as “strategic.” This means they get priority in receiving state support. Areas include upgrading fisheries, shipbuilding, and offshore oil and gas technologies and technologies for exploitation of deep sea resources. Further areas of priority in the current 5-year China state plan include developing a modern maritime services industry with coastal and sea tourism, public transport, and maritime finance. All these will benefit from the BRI Silk Road.
This is the heart of the present Xi Jinping transformation of China from a cheap labor screwdriver assembly economy to an increasingly self-reliant producer of its own high-technology products. This is what the ongoing Trump Section 301 and other trade war measures target. This is what the EU is increasingly trying to block. China is determined to develop and create new markets for its goods as well as new sources of imports. This is the essence of the Belt and Road Initiative.
Why import oil platforms from US companies if China can make them itself? Why charter Maersk or other EU shipping companies to carry Chinese goods to the EU market if China can do the same in their own ships? Isn’t the “free market,” so much touted since the 1970’s in the West, supposed to be about competition? In 2016 the Central Committee of China’s Communist Party and the State Council adopted the “Innovation Driven Development Strategy”, adopted in 2016 by the Central Committee and the State Council. According to this China intends to become an “innovative country” by 2020, to move into the top tier of innovative countries by 2030-35, and attain global leadership by 2050. This is what China 2025 is all about and why Washington and the EU Commission are alarmed. They have a plan. We in the West have so-called free markets.
Rather than take the Chinese strategy as a challenge to be better, they attack. For certain EU interests, free market works fine when they dominate the market. If someone comes along and does it one better, that is “unfair,” and they demand a “level playing field” as if the world economy was some kind of cricket field.
Silk Road Fund
One of the most amusing charges by EU countries against China and their state-guided economic model—a model not too different in essence by the way from the model used by Japan after the war or by South Korea– is that EU critics attack the funding practices of the China Silk Road Fund. A report by the German government has criticized the fact that Chinese state banks give some 80% of their loans for the BRI projects to Chinese companies.
The Silk Road Fund is a Chinese state fund established three years ago with $40 billion initial capital to finance select projects in Eurasia of the BRI or Silk Road. It is not to be confused with the separate Asian Infrastructure Investment Bank. Among its various projects to date are construction of a Mombasa–Nairobi Standard Gauge Railway; investment in the Karot Hydropower Project and other hydropower projects in Pakistan as part of the China-Pakistan Economic Corridor; or a share of Yamal LNG project in Russia.
The fact that a Chinese state-controlled fund, investing funds resulting from the hard work of Chinese people to produce real goods and services, decided to use its state funds to benefit Chinese companies is hardly surprising. The real issue is that the European Union as a group or the individual states so far have boycotted full engagement with what could be the locomotive of economic recovery for the entire EU. They could easily create their own versions of China’s Silk Road Fund, under whatever name, to give subsidized state-guaranteed credits to German or other EU companies for projects along the BRI, along the model of Germany’s Marshall Plan bank, KfW, which was used effectively in rebuilding communist East Germany after 1990. This it seems they do not want. So they boycott Chinafor lack of “transparency” instead.
These examples are useful to illustrate what is going on and how ineffective the EU “free market” model is against a coordinated state development strategy. It is time to rethink how France, Germany, and other EU member states rebuilt after World War II. The state played an essential role.
F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”
En se décidant à sortir du Traité relatif au programme nucléaire iranien dit 5+1 (les Cinq membres permanents du Conseil de Sécurité + l’Allemagne), Donald Trump déclare en fait, littéralement, la guerre à l’Europe. Ceci n’étant pas une clause de style parce qu’en dénonçant unilatéralement cet accord collectif et en annonçant le rétablissement d’une batterie de sanctions draconiennes à l’encontre de Téhéran au cours du prochain semestre, il met du même coup, la France et l’Allemagne à genoux. Il s’agit en effet ni plus ni moins, dans l’actuel contexte de crise sociétale aiguë, de la perte d’un marché providentiel de 83 millions d’âme.
Un débouché en pleine expansion depuis la fin de 22 années de blocus économique [1] et l’accord de contrôle extérieur du programme nucléaire civil iranien du 14 juillet 2015. Lequel pouvait laisser espérer aux Allemands de regagner leurs positions perdues après 2005. Celles-ci cumulaient alors à 5,67 milliards de dollars soit 14,4% de leurs exportations. Pour la France, les constructeurs automobiles PSA et Renault sont eux aussi immédiatement menacés par la volte-face de la politique américaine. Peugeot détient actuellement 30% d’un marché iranien difficilement reconquis après son retrait de 2012 pour obéir à l’injonction comminatoire de son partenaire américain General motors [2]. Celui-ci avait fait miroiter à PSA, en échange d’un manque à gagner à l’export vers l’Iran de 450.000 véhicules l’an, l’ouverture de l’immense marché chinois. Promesse mirobolante, évidemment non tenue. Notons qu’à l’époque, les syndicats compradores habituellement si prompts à s’insurger pour un oui ou pour un non, ne pipèrent mot.
Au moment où est tombé le couperet américain ce 8 mai (avec quatre jours d’avance sur la date annoncée), le groupe PSA se préparait à la production en Iran de la Peugeot 301 ainsi que de la Citroën C3. Rappelons que les constructeurs français tenus par leurs partenariats transatlantiques, tombent, en cas de refus d’obtempérer, sous le coup de la loi fédérale, laquelle n’a pas la main légère avec les contrevenants. Tous les acteurs économiques ont à l’esprit les 8,9 milliards de dollars d’amende que dut verser la BNP au Trésor américain en mai 2015 pour avoir transgressé les oukases de Big Sister America et fricoté de l’an 2000 à 2010 avec Cuba, l’Iran, le Soudan et la Libye, tous pays sous embargo.
Beaucoup pensent que l’interdépendance économique est un puissant facteur de paix internationale. Que nenni ! C’est oublier que certains, les forts, sont alors en position de dicter leur loi aux faibles et que ceux-ci n’ont d’autres choix que de se soumettre. Cinquante ans après mai 1968, il serait judicieux de se souvenir de l’embargo américain instauré sur le tourteau de soja et les porcs menacés de famine dans les élevages bretons… L’initiative du président Trump est à ce titre un véritable coup bas pour l’économie européenne sacrifiée notamment sur l’autel des fantasmes sécuritaires de l’État hébreu… mais pas seulement, car l’affaire est au final beaucoup plus complexe et plus tordue.
On peut en effet s’interroger sur l’enchevêtrement de calculs nébuleux qui conduit l’Amérique à s’aliéner volontairement et à peu de profit, ses alliés européens ? Parce que cela revient avons-nous dit, à les mettre au pas et les faire passer (une fois de plus) sous les fourches caudines de l’État profond américain seul décideur… le président Trump ne se maintenant actuellement à la Maison-Blanche que dans la mesure où il en exécute les consignes. Une hyperclasse qui agit en sous-main et qui, ayant échoué à imposer une hégémonie directe sur le reste du monde, préfère désormais opter pour les voies détournées de la guerre économique, de la subversion politique et de la diplomatie armée (soft power), afin d’atteindre ses objectifs de domination tous azimuts.
Un rappel à l’ordre n’est donc pas à exclure à l’endroit des Macron et Merkel qui se sont crus autorisés à venir s’ingérer (à domicile) dans la géostratégie de l’imperium nord-américain. Notons que M. Macron s’est ridiculisé en allant quémander à Washington que le Département d’État accepte de prendre en considération ses misérables desiderata (la préservation de la petite part hexagonale du juteux marché persan), prétendant pouvoir faire accepter la renégociation de l’accord par Téhéran. Ce dont il n’est pour l’heure pas question. Alors que déduire sinon que conclure, de la décision des élites américaines de revenir sur l’engagement pris en 2015 ? Précisant que ni le Département d’État, ni le Pentagone, ni la CIA, et surtout pas le Deep State - à savoir le complexe militaro-industriel, les néoconservateurs (d’anciens trotskystes, soixante-huitards reconvertis, qui pour beaucoup tiennent aujourd’hui le haut du pavé), les likoudniki de diverses obédiences, les puissants groupes de pression sionistes faiseurs et tombeurs de rois, Wall Street – n’ont été mis hors-jeu, exclus ou seraient restés étrangers à cette fatale décision de sortie de l’Accord 5+1. De plus, qui parmi ces différents acteurs, aurait pu se préoccuper de plaire ou déplaire au petit marquis élyséen et de chercher des voies raisonnables en vue d’éteindre les incendies qui n’en finissent pas de se multiplier au Levant ? Reste qu’à défaut d’avoir conservé une influence directe au Proche Orient - ayant perdu la guerre de Syrie et l’Irak livré à la majorité chiite - la Grande Amérique gouverne par le maintien d’un certain chaos et le soutien relatif de l’irrédentisme kurde ?
Les oligarchies du Nouveau Monde savent les européens lâches, désunis et dépendants, auto-intoxiqués qu’ils sont - entre autres - par leurs soi-disant Valeurs ! Par ailleurs ce sont des rivaux qu’il convient de brider. Le grand théoricien de l’impérialisme yankee, le franckiste Brzezinski, énonçait la chose avec clarté dans le Grand échiquier (1998) - reprenant en cela les idées directrices de l’immémoriale politique continentale des Britanniques – à savoir que l’Europe devait demeurer coûte que coûte désunie (rien de contradictoire ici avec l’Union européenne qui est un moyen d’assujettir les nations tout en détruisant leur puissance souveraine) et politiquement débile. Nous y sommes. Cette loi géopolitique s’applique aujourd’hui dans toute sa rigueur derrière les embrassades et les guignoleries de façade. Peu chaut à M. Trump que M. Macron ait été désavoué par le dangereux revirement de la politique extérieure de l’Union. Il n’a cure de lui sauver la face. De toute façon la presse dont le président hexagonal est le fils puîné l’aura fait à sa place.
Comme si également ces fantoches européens - les trois « M » Merkel, May, Macron - pesaient lourds face aux bibliothèques de dossiers et de disques compacts dramatiquement dévoilés par le triste sire Netanyahou, ci-devant Premier ministre du 51e membre des États-Unis ? Oubliant de dire au passage que ces documents d’archives exfiltrés d’Iran on ne sait par qui ni comment, dataient de 2003. Comme quoi les vieilles ficelles font toujours recette. Et ce depuis la fiole de sucre glace brandie naguère au Conseil de Sécurité par l’Oncle Ben’s Colin Powell prétendant qu’il s’agissait d’Anthrax, preuve accablante de la poursuite d’un programme irakien d’armes de destruction massive ! Néanmoins, prouver de cette manière, en ouvrant l’armoire aux squelettes, la perpétuation en 2018 d’un programme offensif en contredisant ex abrupto tout les rapports de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) relatifs au suivi de l’application de l’Accord de dénucléarisation, il faut à la fois une certaine dose de cynisme et de mauvaise foi… ainsi que l’active complicité d’une presse détenant tous pouvoirs sur une opinion publique entièrement forgée par ses soins… et par ses assidus mensonges !
Ajoutons que le Premier ministre israélien, parle toujours de guerre contre le grand voisin iranien, mais qu’il n’a guère les moyens de ses ambitions guerrières hormis ses inutilisables vecteurs Jéricho à tête nucléaire : ses chasseurs-bombardiers F16 sont à bout de souffle et sa dizaine de F35 sont trop précieux pour être exposés sans nécessité absolue à des tirs de représailles… pas plus qu’il n’aurait la sottise d’envoyer ses pilotes au casse-pipes, lesquels, lorsqu’ils tirent leurs missiles vers des positions iraniennes de Syrie, le font généralement depuis l’espace aérien libanais, prudence oblige car le 10 février un chasseur-bombardier de Tsahal était abattu par la défense aérienne syrienne, le premier depuis 1982. Les temps changent. Au demeurant les guerres israéliennes destinées à nettoyer par cercles concentriques successifs la périphérie de l’entité sioniste, se font toujours à moindre coût et assez généralement par procuration : 1991 « Tempête du désert », 2003 « Choc et effroi »…
Ou bien encore s’achèvent en foirade comme lors de la deuxième guerre du Liban de juillet 2006 – le sixième conflit israélo-arabe – lancée (mais non déclarée) au prétexte controuvé que deux soldats de Tsahal auraient été capturés en Eretz Israël (et non enlevés comme le clamait la presse hébreu). Pour l’heure, la puissante Armée de défense israélienne excelle surtout à faire des cartons meurtriers sur les Palestiniens… 40 mort ces dernières six semaines et deux milliers de blessés. Là encore nous aurions pu nous attendre à des reportages de la part de ces mêmes envoyés spéciaux qui, dans Alep Ouest assiégée par les forces loyalistes ou dans la Ghouta orientale où s’étaient retranchés un dernier carré de terroristes d’Al-Qaïda (prétendument perpétrateurs du 11 Septembre ?), faisaient pleurer Margot sur le sort des djihadistes en dépit du fait que ceux-ci avaient pris les habitants de ces villes martyrs en otages et comme boucliers humains.
Quant à M. Netanyahou, en délicatesse avec sa propre justice pour malversations, il est en fin de compte, semble-t-il, brillamment parvenu à faire endosser par Washington une politique coercitive de sanctions maximales à l’encontre de l’Iran, sa bête noire tout en se prévalant d’une intention de neutralité de la part de Vladimir Poutine à l’égard des frappes de missiles israéliens en Syrie contre les bases de Gardiens de la Révolution [3]. Maintenant vers quoi allons-nous ? Quelles leçons provisoires tirer des récents événements ? Que veut ou que cherche M. Trump en calmant d’un côté le jeu entre les deux Corée – ce qui pourrait lui valoir un prix Nobel de la paix et le rendre de facto indéboulonnable – et en œuvrant de l’autre à la déstabilisation de l’Iran, voire en préparant une Troisième guerre du Golfe ? On en parle sérieusement dans le landernau des initiés.
Au final, en dénonçant l’accord, non seulement la Maison Blanche va créer de graves difficultés économiques à ses alliés et tributaires européens, faisant le calcul que de toutes les façons ceux-ci feront profil bas. Qu’ils se coucheront, quoiqu’il leur en coûte, devant les insatiables exigences israéliennes relayées par Washington (wag the dog… il est patent que la queue remue le chien et non l’inverse !). Allons plus loin. L’Amérique du Deep state, au-delà du complexe obsidional israélien, vise assurément plus loin que la simple destruction d’un État persan candidat au leadership régional et grand rival de l’Arabie wahhabite, alliée privilégié de Washington et de Tel-Aviv.
Iran qui certes développe des missiles à longue portée et des drones de combat à partir de technologies justement fournies par Pyongyang, et de facto menacerait à court terme la sécurité de l’État juif (puisqu’il se désigne lui même ainsi). M. Trump s’étant convaincu d’avoir fait plier la Corée du Nord (mais une interprétation inverse de la désescalade et du réchauffement des relations interétatiques autour de la Mer du Japon est également très recevable – nous y reviendrons), peut-être se dit-il que la menace d’un recours à la force, est (ou serait à nouveau), payante ? Ce faisant, dans le cas de l’Iran, il ne peut ignorer qu’en dénonçant unilatéralement l’accord de 2015, il prend le risque de déstabiliser le pays en profondeur, en accroissant la division du pays entre modernistes et conservateurs, ceci affaiblissant le camp pro occidental dont la tête de file est l’actuel président Rohani… et revigorant du même coup celui de conservateurs.
L’on voudrait relancer en Iran une contestation insurrectionnelle que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Les Anglo-américains ne sont jamais, ni avares ni en retard d’une révolution de couleur ou de velours… Des révolutions qui d’ailleurs se greffent souvent sur un légitime terreau de revendications et des carences politiques avérées. Ainsi de l’Ukraine et ces jours-ci l’Arménie et la Moldavie. Soyons assurés que les experts en coup tordus de la CIA, machiavéliens parmi les machiavéliens, ne chôment pas et qu’un projet de regime change pour l’Iran est peut-être d’ores et déjà en cours d’application. Avec pour premier objectif de réinsérer l’Iran [4] dans une mondialisation sociétalement et économiquement libérale-libertaire… et par la même occasion, de resserrer le dispositif de contention – le cordon sanitaire – que tissent patiemment les puissances atlantiques autour de la Russie et de l’espace continental eurasiatique.
Chacun comprendra que face à de tels enjeux, les Européens et leurs indésirables industries de haute technologie concurrentes de leurs homologues américaines, doivent rentrer dans le rang de la mondialisation heureuse et apaisée sous la férule de l’Oncle Sam… surtout au moment où la libre circulation des biens et le retour du protectionnisme font l’objet du bras de fer commercial qui se joue entre Washington et une Chine populaire trop gourmande. L’aluminium européen vient d’ailleurs d’en faire les frais. Pauvres européens, cinquième roue du carrosse de M. Trump, lequel pense en priorité à la restauration de son parc industriel et au plein emploi outre-Atlantique. L’Europe devra, en conséquence, se soumettre, continuer d’avaler des couleuvres de la taille d’anacondas, voir croître l’armée de ses chômeurs et gérer elle-même ses crises et ses krachs à venir.
13 mai 2018
Notes
[1] Sévères restrictions des échanges commerciaux que R. Reagan met en place en 1988, un an avant la fin du conflit Iran/Irak. Dispositions accentuées en 1996 quand Washington adopte la loi d’Amato-Kennedy (8 août) en mettant l’embargo sur les importations de pétrole brut et en interdisant tous les investissements directs ou étrangers via les partenariat existant avec des sociétés non américaines.
[2] En 2010 PSA exportait en Iran 461.000 véhicules mais se retirait du pays en 2012 sous la pression de son éphémère partenaire, General Motors, ceci afin de se mettre en conformité avec les sanctions américaines. De retour en Iran, Peugeot y a immatriculé 443.000 unités en 2017 et 83.600 au cours des deux premiers mois de 2018 soit 30% du marché.
[3] https://fr.timesofisrael.com/netany... Le Kremlin 9 mai : « J’ai souligné l’obligation et le droit d’Israël à se défendre contre l’agression iranienne, menée depuis le territoire syrien. Les Iraniens ont déclaré leur intention de nous attaquer. Ils essaient de transférer des forces et des armes mortelles avec l’objectif explicite d’attaquer l’État juif dans le cadre de leur stratégie pour détruire l’Israël ».
[4] Lire « Iran, la destruction nécessaire - Persia delenda est » Xenia 2012.
Trump. Les menaces de rétorsion européenne font bien rire outre-Atlantique
par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
Ce n'est pas nous qui l'affirmons. Il suffit de lire la presse américaine. Après que Donald Trump ait annoncé qu'il dénonçait le Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) avec l'Iran concernant la renonciation de ce pays aux armes nucléaires, une majorité de gouvernants européens, notamment de Grande Bretagne, d'Allemagne et de France, ont annoncé qu'ils resteraient dans le Pacte
Il a été aussi beaucoup discuté de mesures de protection des entreprises européennes qui seraient sanctionnées par Washington au cas où elles continueraient à commercer avec l'Iran.
Les Européens auraient-ils décidé de s'affranchir de la tutelle politique et économique exercée par les Etats-Unis depuis 1950 ? Certains ont pu l'espérer en Europe. Mais la menace n'a en aucun cas été prise au sérieux par les divers intérêts américains visés. Au contraire, comme le montre la lecture des médias américains, elle a suscité un vif amusement. Ce ne serait pas encore maintenant que les nains européens pourraient commencer à s'affranchir de la domination du géant américain.
Les grandes sociétés européennes comme Daimler ou Airbus allaient-elles risquer de supporter de lourdes amendes sous prétexte que, commerçant en dollars avec l'Iran, elles devaient respecter en tout la législation américaine ? L'Union européenne n'aurait été prise au sérieux que si elle avait déclaré qu'elle prendrait des mesures de rétorsion réciproques contre les entreprises américaines opérant en Europe.
Connaissant l'inexistence d'une politique internationale et moins encore de politiques économiques communes au sein de l'Union, personne ne peut croire que de telles mesures soient décidées en Europe. Il suffirait par exemple que l'Irlande s'y oppose pour que rien n'aboutisse. Comme individuellement les grands pays européens ne peuvent rien faire de sérieux sans l'accord de Bruxelles, très largement pénétré par les lobbys pro-américains, rien ne se passera non plus à leur niveau.
Les perspectives d'un futur commerce européen avec l'Iran sont trop modestes pour que les entreprises européennes renoncent aux avantages du marché américain, tant à l'exportation qu'à l'importation. Cela signifie que malgré leurs prétentions à rester dans le JCPOA, les gouvernements européens, soumis plus que jamais à la domination américaine, devront y renoncer.
Un euro-BRICS ?
La seule façon qu'auraient les intérêts politiques et économiques d'être pris au sérieux outre-Atlantique seraient que les gouvernements européens décident de négocier enfin sérieusement avec la Russie et la Chine afin de construire avec elles l'ensemble euro-asiatique qui est en train de se mettre en place et qui se fera autrement sans eux, sinon à leurs dépens. Il est faux de prétendre que la Russie, et plus encore la Chine, chercheraient à piller les ressources européennes sans contrepartie. Les entreprises européennes, comme leurs laboratoires de recherche, ont assez de ressources pour être considérés comme des partenaires indispensables avec qui traiter sur un plan de réciprocité.
Pour prendre par exemple le domaine de l'automobile ou de l'aviation civile, même si la Chine cherche actuellement à construire des industries la rendant indépendante des Daimler et Airbus, les besoins sont si vastes qu'elle n'y arrivera pas sans l'apport des Européens. Mais comme les dirigeants de ces entreprises et plus généralement les hommes politiques européens ont été formés en Amérique (en tant que « young leaders »...) ils ne feront rien pour contrarier leurs tutelles américaines.
Le JCPOA est donc bien mort, quels que soient les démarches du président iranien Rohani pour le maintenir en activité. Nul besoin d'imagination pour se représenter les conséquences en chaîne qui en résulteront, plus dangereuses les unes que les autres.
Pour certains, ils n’oseront pas, pour d’autres ils seront obligés d’oser. Ainsi trouve-t-on sur le site TheDuran.com, à quelques heures d’intervalle, un texte affirmant que les Européens ne réagiront pas face aux USA, qu’ils n’oseront pas (Alexander Mercouris), et un autre disant qu’ils le feront pas, qu’ils réagiront directement contre les USA (Frank Sellers)... En l’occurrence, TheDuran.com ne se contredit pas, il expose loyalement le débat qui s’est immédiatement ouvert depuis la décision de Trump de jeudi de sortir du JCPOA.
Un des aspects qui n’est pas le moins important, tant s’en faut, des effets de la décision de Trump de sortir du traité JPOAC avec l’Iran, c’est de placer les USA et l’UE sur ce qu’on nomme dans leur langage transatlantique commun a collision course. On sait de quoi il s’agit : les exorbitants pouvoirs d’exterritorialité que s’est attribuée la justice américaniste, qui permettent, en l’espèce, de punir une société non-US, essentiellement une société d’un pays de l’UE puisque c’est de cela que nous parlons, qui contreviendrait au diktat des USA interdisant tout commerce avec l’Iran, et serait lourdement punie par une amende au montant astronomique.
On a connu tant et tant de situation de confrontation potentielle entre UE et USA qui, finalement, se réglaient “à l’amiable” selon une situation de compromis qui était une capitulation à peine déguisé de l’UE, qu’on a peine à croire qu’on puisse aller jusqu’à une confrontation. Ce n’est pas l’absence de moyens, d’“armes”, qui prime en la circonstance, mais l’hypothétique manifestation d’une volonté politique et d’un courage dans l’action des Européens. Les pays de l’UE ont tout l’arsenal nécessaire pour résister, voire répliquer à ces actions de piratage juridique des USA, et c’est donc bien une affaire de volonté politique pour cette psychologie européenne qui a si souvent montré son américanisation et son zèle pour la vassalisation.
Quelles sont les circonstances qui font de ce cas plus une exception qu’un cas routinier de capitulation assurée des pays européens ? Car c’est bien le cas... L’Europe se trouve devant une situation économique, juridico-financière et surtout politique, où elle est directement engagée du point de vue de ses intérêts économiques, où elle est directement engagée en confrontation directe avec les USA, dans une circonstance qui représente l’un des seuls accomplissements solides et de poids d’une pseudo-“diplomatie européenne” ; et encore, jusque dans la possibilité d’un enchaînement pouvant entraîner par ailleurs des conditions catastrophiques d’affrontements d’engagement militaire où elle n’aurait aucun poids d’influence si elle capitulait aussitôt devant les USA. A ces exceptions de circonstances objectives de la situation, s’ajoutent les exceptions de circonstances disons subjectives qui aggravent les conditions générales et rendent tout arrangement (entre UE et USA), y compris la capitulation avec un peu de cosmétique “pour sauver la face”, – c’est-à-dire tout sauf la capitulation sans conditions extrêmement difficile sinon presque impossible.
• L’Iran est dans une situation juridiquement solide et dans une situation politique loin d’être isolée. (L’isolement,c’est plutôt pour la bête déchaînée que sont devenus les USA.) L’Iran est économiquement activement soutenu par la Russieet la Chine, et tous les pays de ce bloc hors-bloc-BOA, qui pourraient trouver dans le soutien apporté à l’Iran un moyen non négligeable de réduire la nocivité de l’action des USA, voire d’attaquer son statut de superpuissance entrée dans une folie d’entropisation en activant la crise interne à Washington D.C.
• Car Washington D.C. est plus que jamais “D.C.-la-folle”. La décision de Trump, si elle est soutenue par les divers extrémismes qui pullulent comme des rats dans un égout dans la capitale du Système, n’empêche en rien l’hostilité qui se poursuit dans autant de milieux divers contre l’actuel président. (Par exemple, la conviction de l’équipe Trump est bien que, si les démocrates emportent les élections dites mid-termde novembre prochain, pouvant aller jusqu’à la majorité dans les deux Chambres, une procédure de destitution sera lancée contre lui, – pour le motif, on verra le moment venu, n’est-ce pas...) Il ressort de tout cela que Trump reste dans une position délicate tout en sachant que l’opposition au retrait du JPCOA ne peut s’exprimer en tant que tel, – malgré certaines critiques sur l’isolement des USA ; ainsi Trump a-t-il d’autant plus tendance à être intransigeant, y compris avec les Européens d’ailleurs, – et cette intransigeance rejoignant l’une des facettes exubérantes de son hypomanie narcissique..
C’est bien là notre argument essentiel, de considérer le retrait du JCPOA d’un point de vue politique, selon deux perspectives : 1) l’extrémisme de la décision, impliquant la possibilité d’un conflit catastrophiste dont personne sauf les extrémistes qu’on sait, ne veut ; 2) l’état de crise également catastrophique où se trouvent les USA, qui font de cette monstrueuse puissance une tourmenteuse du reste du monde aux abois et au bord de l’effondrement. Dans ces conditions, la crise iranienne contient tous les ingrédients pouvant conduire au paroxysme d’une crise générale, impliquant tous les acteurs, et poussant d’ores et déjà les uns et les autres à assurer des positions aussi fermes que possibles dans la tempête qui pourrait éclater. Ce raisonnement vaut évidemment au premier chef pour les pays européens. Ils n’ont jamais brillé ni par leur courage, ni par leur indépendance d’esprit et de politique d’une part ; ils n’ont jamais rencontré de circonstances qui impliquent la possibilité d’une criss aussi catastrophique que celle qui se dessine d’autre part. On voit qu’il y a assez d’incertitudepour envisager que, cette fois, la partie n’est pas jouée et que les Européens pourraient être obligés de réagir, au cas par cas ou collectivement. Nous sommes dans une époque où les évènements décident, et dans certains cas même la couardise et la servilité ne parviennent pas à en contenir les effets.
Cela ravirait Pierre Lellouche, ce “jeune loup” proaméricaniste largement chouchouté par les amis de Washington au début de sa carrière (fin des années 1970), devenu, notamment au cours de la présidence Sarkozy, un spécialiste et un avocat ardent d’une riposte européenne aux entreprises de pressions et de chantage des USA vis-à-vis de l’Europe. Il donne ici plusieurs avis en réponse à une interview de Maxime Perrotin pour Spoutnik-français, texte publié hier soir, 11 mai 2018, et que nous reproduisons ici. dedefensa.org _________________________
Face à l’«Imperium juridique» des États-Unis
Avec le retour des sanctions contre l’Iran, l’extraterritorialité du droit américain est à nouveau sous les projecteurs. Face à cette situation, les hommes politiques français multiplient les «moulinets diplomatiques», regrette l’ancien Secrétaire d'État de Nicolas Sarkozy, Pierre Lellouche, auteur d’un rapport sur cette épineuse question.
«Il n'y a pas vraiment de surprise à découvrir que nous avons en fait à faire à un Imperium juridique américain, à un mur extrêmement complexe de textes de loi que les Américains n'hésitent pas à faire appliquer aux entreprises étrangères. Ce qui, naturellement, enlève toute souveraineté aux pays européens», déclare à Sputnik Pierre Lellouche, ancien Secrétaire d'État des Affaires européennes.
Trois à dix-huit mois, c'est le délai que le département du Trésor américain accorde aux entreprises françaises et européennes pour quitter l'Iran et mettre un terme à tout contact avec la République islamique. Un ultimatum qui fait suite à la décision de Donald Trump de claquer la porte de l'accord sur le nucléaire iranien et de rétablir les sanctions américaines à l'encontre de Téhéran.
Une décision unilatérale du Président américain de se retirer d'un accord négocié et avalisé par le Conseil de Sécurité, paraphé en 2015 par son prédécesseur, contre laquelle des voix s'élèvent à Paris, Berlin, Londres et Bruxelles. Jeudi 10 mai, à l'occasion du prix Charlemagne, Emmanuel Macron a plaidé en faveur d'une «souveraineté européenne», appelant notamment à ne pas être «faibles» et ne pas «subir» les décisions de gouvernements étrangers.
Vendredi matin, Bruno le Maire, affirmant s'inscrire dans la ligne du Président de la République déclarait sur le plateau d'Europe1 qu'il «est temps que l'Europe passe des paroles aux actes en matière de souveraineté économique» et se dote des «mêmes instruments dont disposent les États-Unis» afin de défendre leurs intérêts.
Une déclaration fort louable. Mais pour Pierre Lellouche, les déclarations d'intention ne suffiront pas, bien au contraire. Pour l'ancien député Les Républicains, auteur d'un rapport consacré justement à la problématique de l'extraterritorialité du droit américain, «la question d'une réaction européenne est à la fois une question économique et politique fondamentale»:
«Si l'Europe accepte cette décision sans réagir, elle aura montré spectaculairement qu'elle n'existe pas et qu'elle n'existera plus sur les questions politiques majeures du monde, même quand ces questions soulèvent directement la sécurité de 500 millions d'Européens.»
Des déclarations politiques que l'ex-député assimile donc pour l'heure à de «faux semblants». «On ne peut pas prétendre que ces sanctions sont une surprise, puisqu'elles sont appliquées par les États-Unis depuis 40 ans», insiste-t-il.
Reste à savoir de quelle manière réagiront les Européens. Toujours lors de son interview à Europe1, le ministre de l'Économie précise avoir «demandé des exemptions ou des délais d'application plus longs à son homologue américain.» Une voie sans issue, estime Pierre Lellouche, qui rappelle que jusqu'à présent, le Président américain n'a jamais, en matière de politique extérieure, considéré l'avis de ses alliés européens.
«Toutes les visites qui ont été faites par les Européens à la Maison-Blanche n'ont eu aucun résultat. Il ne faut pas se leurrer, si nous conservons le rôle de simples quémandeurs, demandant à Trump de bien vouloir nous donner des exemptions, on risque d'être lourdement déçus.»
Qu'ils s'agissent des récentes sanctions mises en place sur l'acier et l'aluminium, de la relocalisation dans la ville de Jérusalem de l'ambassade américaine en Israël ou de l'accord de Paris, force est de constater que les Européens n'ont pour l'heure jamais obtenu gain de cause face à Donald Trump,
«La seule chose que Trump et le Congrès vont respecter, c'est un rapport de force avec les Européens. Donc, il faut absolument que le Président Macron obtienne des autres Européens une position ferme et à défaut, au moins qu'on se fasse respecter, seul, en prenant au plan national les lois de blocages qui s'imposent.»
Pour Pierre Lellouche, les Européens doivent «commencer à se faire respecter» par Washington. Pour ce faire, des solutions existent, tant à l'échelle européenne que nationale, d'autant plus que la Commission européenne a déjà remporté des bras de fer avec le Trésor américain, notamment sur l'Iran, grâce à un recours devant l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Une procédure que Pierre Lellouche invite les responsables européens à réitérer, en publiant la liste des entreprises américaines qui pourraient être visées par des contre-mesures.
Pour lui, l'Europe «doit envoyer un signal fort à l'allié américain. On ne peut pas accepter de subir ce que décident unilatéralement les États-Unis.» Il rappelle également l'existence des lois de blocage qui ont vu le jour lors des précédentes passes d'armes entre les deux rives de l'Atlantique, au siècle dernier, comme en 1996 face à la loi Helms-Burton renforçant l'embargo sur Cuba.
«Les lois de blocage interdisent aux sociétés européennes ou aux sociétés du pays concerné de se soumettre au droit d'un pays étranger- en l'occurrence au droit américain- sous peine de sanctions fortes. Donc ces lois existent, elles existent même dans les codes juridiques français, nous avons des lois de blocage depuis 1968.»
Preuve que même des États européens isolés peuvent, pour l'heure, obtenir des résultats vis-à-vis des sociétés américaines, Pierre Lellouche revient sur son expérience de député:
«J'entends beaucoup de moulinets diplomatiques, mais on demande des exemptions, on va quémander des exemptions aux États-Unis. La seule façon de les obtenir, c'est de créer un rapport de force. Quand les Européens taxent Apple, je peux vous dire que les Américains font attention! Quand j'ai mis dans la loi Sapin II une clause qui permet de poursuivre les filiales d'entreprises américaines situées en France pour des actes de corruption commis à l'autre bout du monde, ça, ils l'ont parfaitement noté. Mais il appartient d'établir cette crédibilité.»
Des sanctions, qui ont coûtées cher à la France par le passé, à BNP Paribas et Alstom pour ne reprendre que les plus médiatiques. À l'échelle du vieux continent, ce ne sont pas moins de 38,5 milliards d'euros qui ont été versés — ces dernières années — par les entreprises européennes aux autorités américaines, d'après Jean-Michel Quatrepoint, auteur d'un ouvrage sur le scandale politico-judiciaire du rachat Alstom par son concurrent américain General Electrics. Des sanctions unilatérales américaines qui, comme le souligne Pierre Lellouche, sont à géométrie variable, revenant sur le cas de la banque française :
«Figurez-vous que Trump a levé les sanctions contre le Soudan. Le Général al-Bashir, qui commande le Soudan et qui est un dictateur épouvantable et sanguinaire, qui était soumis à des sanctions, brutalement est libéré de ces sanctions et devient un allié des États-Unis. Très franchement, si j'étais l'avocat de la BNP, je demanderais à être remboursé.»
Pierre Lellouche, en bon juriste et ancien Secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, tient à rappeler, en trois points, les mesures qu'il suggère d'appliquer afin de sortir du piège des sanctions américaines.
«1) Une saisine de l'OMC, pour une initiative contraire au commerce international 2) une interdiction à nos entreprises de s'y plier, c'est la directive de blocage de 96, qui peut être complétée, y compris avec des lois de blocages prises au niveau national et 3) il convient de publier la liste des entreprises américaines qui seraient susceptibles de subir des sanctions dans la mesure où elles bénéficieraient des problèmes causés à leurs concurrents européens.»
Reste à savoir si de telles mesures, sur le long terme, seront suffisantes. Qui plus est dans une Europe où ses 28 membres n'ont pas tous les mêmes intérêts, ni la même volonté de s'opposer aux décisions américaines. À bon entendeur…
Manuel Ochsenreiter spricht über die geopolitischen Zusammenhängen in Bezug auf Syrien aber auch beispielsweise die Ukraine und die USA und wie diese in deutsche und europäische Politik hineinreichen. Besonders brisant war dies vor den in der Nacht zuvor durchgeführten, völkerrechtswidrigen aber folgenlos bleibenden Luftschlägen der USA und deren Verbündeten gegen Syrien und dessen Machthaber Assad.
Voici la version écrite d’une conférence donnée au cours du colloque : « L’Europe, une civilisation politique ? La politique pour éviter la guerre ». Colloque organisé par les éditions « BIOS » en partenariat avec les éditions « Le retour aux sources ». J’y intervenais aux côtés de Robert Steuckers, Tomislav Sunic, Alessandro Sansoni et Laurent Hocq. ERTV couvrait l’événement.
Au cours de cette conférence j’ai rappelé l’importance (déjà évoquée début 2018) des rencontres non-alignées de Chișinău ainsi que la place de la Moldavie dans le contexte géopolitique actuel. J’ai ensuite développé les différentes technologies politiques employées afin de déstabiliser puis de recomposer les équilibres des régions convoitées par le globalisme. En fin de conférence j’ai évoqué quelques pistes qui pourraient nous permettre de concevoir nos propres outils de cyberpolitique ; ceci afin de contrer l’ingénierie métapolitique qui est employée contre les populations par les forces de la société ouverte.
Je profite de l’occasion pour signaler à nos lecteurs, la parution prochaine d’un livre sur ces thématiques aux éditions du Retour aux sources. Il s’agit d’une étude approfondie que j’ai réalisée durant les derniers mois sur la méthodologie et l’idéologie des réseaux Soros et plus largement sur la notion de « société ouverte ». La société ouverte comme projet métapolitique de transformation et d’ingénierie social furtif ; un projet qui se rattache à un courant d’idées et de pratiques politiques qui modèlent et traversent toute l’histoire contemporaine. Ce premier livre politique se veut à la fois un travail d’investigation autant qu’un exposé de la philosophie politique du globalisme. A suivre prochainement …
Pierre-Antoine Plaquevent
Forum de Chișinău, une plateforme non-alignée contre le globalisme
L’événement métapolitique le plus important de la fin de l’année 2017 fût sans conteste le second forum eurasiste de Chișinău. Un colloque qui fera date, tant par l’appui que lui a apporté l’exécutif moldave que par la qualité de ses participants et de leurs interventions. De par la variété des intervenants et du public présent, on peut dire que populistes et conservateurs se sont retrouvées à Chisinau en décembre dernier afin de penser et de projeter l’alternative possible à la marche en cours vers le globalitarisme. L’ensemble des conférences et travaux du colloque sont disponibles sur le site moldave flux.md/fr dont Iurie Rosca est le rédacteur en chef ainsi que sur le site du saker : lesakerfrancophone.fr ou encore sur geopolitica.ru.
Igor Dodon, un président illibéral et continentaliste sous pression
Cet événement qui a reçu l’appui de l’exécutif moldave se tenait dans un contexte géopolitique difficile : la Moldavie s’efforçant de maintenir une position d’équilibre entre Est et Ouest, entre Union-Européenne et Union Eurasiatique malgré les tensions entre Occident et Russie. Le Président de la République de Moldavie, Igor Dodon, a ainsi évoqué le rôle stratégique que peut jouer la Moldavie en se positionnant comme interface géoéconomique et géostratégique entre l’Union Européenne et l’Union Eurasiatique.
Ainsi, après s’être défini comme « résolument souverainiste », Igor Dodon a rappelé lors de son discours inaugural la nécessité de revenir à la vision gaullienne d’une Europe-puissance et à l’axe stratégique Paris-Berlin-Moscou comme alternative à la construction européenne actuelle. Pour le président Dodon, la voie de l’indépendance pour une nation de la taille de la Moldavie passe par le multilatéralisme et le non alignement plutôt que par l’unipolarité et l’adhésion univoque à l’agenda occidental.
Le président Dodon a aussi évoqué la situation économique critique de la Moldavie qui se trouve face à une grave hémorragie de ses forces vives en direction de l’Union-Européenne. Une hémorragie qui ne pourra être freinée que par une relocalisation partielle de l’économie moldave.
Dans cette perspective, Igor Dodon s’était prononcé en 2017 en faveur d’une annulation par son parlement de l’accord commercial signé avec l’Union européenne en 2014, espérant ainsi rétablir des relations économiques normalisées avec la Russie. Une position qui lui vaut d’être mis en difficulté par le parlement moldave où les élus pro-UE sont majoritaires.
La République de Moldavie se caractérisant par un régime parlementaire, le Président Dodon n’a qu’une marge de manœuvre réduite mais il s’efforce par tous les moyens à sa disposition de maintenir la Moldavie dans une position d’équilibre entre Russie et UE.
Pour le Président Dodon seul un patriotisme économique stratégique est en mesure de transcender les différences culturelles internes de la Moldavie et les tensions identitaires que pourraient être tenté d’attiser les forces de la Société Ouverte.
Peuplée d’une population russophone nombreuse et d’une grande minorité russe, la Moldavie peut connaître un scénario de type ukrainien : à savoir une agitation politique envers un président jugé trop proche de la Russie, agitation qui pourrait être suivi de provocations inter-ethniques attisées depuis l’étranger. L’équilibre politique moldave étant fragilisé par la question de la Transnistrie.
Vlad Plahotniuc en compagnie d'Erdogan
Le rôle de l’oligarque Vlad Plahotniuc
Évoquons ici le rôle de l’oligarque Vlad Plahotniuc dans les manœuvres qui visent à destituer l’exécutif moldave. Un article du centre de presse de Donetsk résumait dans les grandes lignes la situation politique moldave :
« Récemment, la Cour constitutionnelle a décidé de suspendre les pouvoirs de l’actuel président de la Moldavie, Igor Dodon (NDA : le 5 janvier 2018). (…) La tension dans la république est liée à l’opposition entre le président pro-russe Igor Dodon, l’opposant Renato Usatii et le bloc politique pro-européen dirigé par Vlad Plahotniuc. L’oligarque Plahotniuc est, depuis décembre 2016 , le chef du Parti Démocrate. Il est intéressant de noter qu’en même temps, officiellement, il n’est pas membre du parti. Aujourd’hui, Vlad Plahotniuc n’occupe aucun poste au gouvernement, mais reste un homme qui contrôle pleinement l’économie, le pouvoir législatif et exécutif dans un petit État, sans aucune responsabilité en tant que fonctionnaire. »
Dans cette perspective les prochaines élections législatives qui devraient se tenir en novembre 2018 constitueront un test. D’après le centre de presse de Donetsk :
« Le rejet de Plahotniuc et de son gouvernement atteint 80 % selon les sondages. Dans de telles circonstances, la dernière chance pour Vlad Plahotniuc de rester au pouvoir sera de provoquer l’escalade du conflit en Transnistrie et de lancer un appel à l’UE et aux États-Unis pour qu’ils exigent une protection contre l’agression russe. »
Et l’article du centre de presse de Donetsk d’expliquer : « Il y a un an, la Moldavie était au bord d’une guerre civile entre citoyens pro-russes et pro-européens. Compte tenu de l’augmentation significative des sentiments pro-russes dans le pays ces dernières années, nous ne pouvons pas exclure le scénario ukrainien en Moldavie. »
Fractures géopolitiques et enjeux énergétiques
La Moldavie se trouve aujourd’hui sur l’une des lignes de fracture de la tectonique géopolitique contemporaine qui voit se confronter unipolarité et multipolarité. Petit État d’environ 4 millions d’habitants, la Moldavie est enclavée entre : la Roumanie à l’Est (Roumanie qui est une pièce majeure du « containement » de la Russie par l’Otan) ; l’Ukraine occidentale au nord et l’Ukraine proche de la Russie sur ses frontières de l’Est. Une situation qui place d’emblée la Moldavie comme pivot stratégique des enjeux géopolitiques de la région.
Un autre facteur qui éclaire les enjeux régionaux se trouve être la présence massive de réserves de gaz dans le sous-sol moldave. Sur ce sujet, le Président Igor Dodon s’est à nouveau confronté à son gouvernement : en mars 2017, il a ainsi demandé de rendre public les dessous de la concession qu’aurait accordé le gouvernement moldave à la société américaine Frontera Resources International LLC. D’après cet accord, le gouvernement moldave céderait une grande partie de son territoire (principalement dans la région autonome de Gagaouzie) pendant 50 années extensibles ; ceci afin de permettre à la société américaine d’effectuer des prospections visant à identifier les sources de pétrole et de gaz de schiste présentes dans le sous-sol moldave.
Lorsque l’on connaît les risques liés à l’extraction du gaz de schiste, les inquiétudes du président Dodon sont plus que légitimes à l’échelle d’un pays de la taille de la Moldavie. Dans ce domaine le ministère de l’écologie moldave, aurait par ailleurs évité de publier précisément la partie de l’accord relatif à la méthodologie d’exploration des sols. Une concession qui aurait de plus été accordée à la société Frontera, sans que les organes de la région autonome de Gagaouzie en aient été informés.
Le Président Dodon et Poutine.
Il est important de noter que le fondateur de la société de prospection Frontera, Steve Nicandros, est l’un des membres importants de l’Atlantic Council, l’un des think-tanks atlantistes les plus influents. Un think-tank qui coopère régulièrement avec l’Open Society de George Soros sur ce qui touche aux affaires Est-européennes. Ce même Steve Nicandros est aussi à l’origine de la rencontre aux États-Unis entre l’oligarque Vladimir Plahotniuc qui contrôle l’opposition au président Dodon et Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État des USA pour l’Europe et l’Eurasie jusqu’en 2017. Épouse du théoricien néo-conservateur Robert Kagan, Victoria Nuland est l’une des figures de proue et architecte du changement de régime advenu en Ukraine en 2014.
C’est dans ce contexte que de très fortes pressions sont exercées sur la Moldavie afin de la faire adhérer à l’Otan. Là encore, Igor Dodon est en opposition avec son gouvernement : le ministre de la défense Eugen Sturza étant favorable à une intégration progressive de la Moldavie dans l’Otan là où Igor Dodon est – selon ses termes – opposé à « l’entrée de la Moldavie dans l’OTAN et d’autres alliances militaires, et à la participation de nos soldats et officiers à des opérations militaires à l’étranger ».
« Après avoir convaincu Saakachvili de mesurer son potentiel militaire avec celui de la Russie en 2008, l’aventure s’est conclue par la perte de deux parties du territoire national géorgien, territoires devenues des sujets de droit international et des protectorats de Moscou. Après avoir incité le nouveau régime de Kiev à des actions imprudentes en 2014, qui ont entraîné des hostilités militaires massives, des pertes humaines considérables, la prise de la péninsule de Crimée par la Russie et la sécession de facto des régions orientales du pays aspirant à Séparés de l’Ukraine, les stratèges américains ont atteint leur objectif : la Géorgie et l’Ukraine ont été amenés à détériorer leurs relations avec la Russie (au détriment de leurs propres intérêts nationaux) ce qui les a conduit au besoin de demander la protection américaine face au « danger russe ». »
Une manœuvre habile, qui s’insère dans un ensemble de procédés plus large comme le rappelle encore Iurie Rosca : « L’histoire montre que les stratèges anglo-saxons sont les maîtres les plus fins, les plus pervers et les plus expérimentés dans l’art de stimuler le nationalisme partout dans le monde, selon leur avantage impérial et au grand malheur des peuples aveugles, utilisés dans ces jeux géopolitiques sales et sanglants. »
S’appuyer sur des nationalismes « proxy » afin de miner l’homéostasie d’un État-nation ou d’un groupe constitué évoque aussi ce que le politologue Andrew Korybhko dénomme le fédéralisme identitaire.
Dans un article intitulé : « Fédéralisme identitaire : de l’unité à la scission » , il décrit la manière dont cette division et cette parcellisation organisée des Etats-nations constitue une caractéristique centrale de l’impérialisme contemporain. Il explique ainsi, qu’à l’opposé du mot d’ordre inscrit sur le grand sceau des Etats-Unis « E Pluribus Unum » (Un à partir de beaucoup), le mode d’exercice du pouvoir par le globalisme consiste en fait à éclater l’unité en multiplicité ; ce qui est très précisément l’idéal de la gouvernance globale et de la société ouverte.
On notera au passage que cette idée d’une division des grands ensemble jusqu’en leurs éléments constitutifs les plus minimes, constitue une tendance profonde de l’esprit post-moderne ; idée que l’on retrouve aussi dans la physique contemporaine et qui conduit à vouloir dissoudre le réel dans son ontologie même.
La société ouverte contre les peuples natifs-européens
Ce fédéralisme identitaire évoque aussi la notion de shismogenèse. Un concept utilisé en ethnologie et qui fût théorisé par l’anthropologue Grégory Bateson, un auteur qui, tout comme Karl Popper, inspire les vues sociologiques de George Soros. Dans le livre « Underwriting democracy » – au sous-titre explicite « encouraging free enterprise and democratic reform among the Soviets In Eastern Europe » – George Soros explique l’influence qu’ont eu sur sa pensée les travaux de anthropologue Gregory Bateson.
Dans ses travaux d’anthropologie, Gregory Bateson a précisément étudié la manière dont des groupes humains au départ homogènes se séparent et se différencient. C’est en partie de ce domaine de recherche que sera tirée la technologie politique qui permet aux forces de la société ouverte de fracturer et de remodeler les nations et les groupes humains selon leur agenda. L’empire avance en divisant, en fracturant, en émiettant, en pulvérisant les peuples, les États et les valeurs qui les fondent.
Rappelons qu’après avoir servi dans le renseignement militaire américain durant la seconde guerre mondiale comme anthropologue au sein de l’OSS (l’ancêtre de la CIA), Gregory Bateson deviendra l’un des pères de la cybernétique, une discipline centrale de l’ingénierie sociale. (NDA : Dans l’étude à paraître aux éditions du Retour aux Sources, j’expose les liens qui unissent la notion de société ouverte avec le domaine de l’ingénierie sociale.)
En conclusion il convient de rappeler que l’impérialisme contemporain peut avoir recours à différentes stratégies qui couvrent le plus large champ possible : depuis l’aide humanitaire et l’appui aux groupes minoritaires jusqu’à l’agression militaire pure et simple, en passant par toutes les nuances possibles de l’ingérence.
La Moldavie est en ce sens l’un des nombreux théâtres d’opération contemporain pour les forces de la société ouverte.
Que faire ? Métapolitique et influence stratégique
Face à cette fracturation organisée de nos populations et de nos territoires, de notre sol, de notre sang et aussi de notre esprit par les divisions inter-religieuses exacerbées de l’extérieur, que faire ?
Il nous faut créer les outils de notre émancipation et de notre emprise sur le monde contemporain à l’exemple de la méthodologie mondialiste : instituts de recherches, outils d’influence médiatique ou bien encore, pourquoi pas, des chambres de commerce non-alignées qui mettraient en place les conditions de partenariats économiques – même de petite échelle au départ – ceci dans la perspective des nouvelles possibilités économiques qu’offrent les nouvelles routes de la soie et le développement de pôles économiques eurasiatiques.
Créer du politique là où les forces de la société ouverte veulent dissoudre le politique. En ce sens, la coopération Orient et Occident contre le Moloch globaliste est un impératif catégorique de notre temps. Le soutien mutuel et stratégique des forces hostiles à la marche forcée vers la société ouverte est fondamental. L’unipolarité déclinante est un animal malade qui n’admet pas « l’esprit du temps » de notre époque ; un esprit qui est celui du changement et du renouveau dans le recours à la Tradition. Le monde unipolaire – le vieux monde et son projet cosmopolitique réactionnaire et anachronique – est un animal malade mais encore dangereux : il cherche à allumer des incendies partout où il le peut, ceci afin de pallier à sa perte de légitimité et de contrôle. Face à lui, le monde multipolaire est encore dans les douleurs de l’enfantement. C’est à nous, non-alignés contemporains, de l’aider à naître par notre maïeutique métapolitique et par nos capacités d’anticipation et de perception des changements de civilisation qui sont en cours.
Par nos capacités à saisir et à comprendre les transformations silencieuses à l’œuvre dans le monde, transformations qui s’opposent à la logique de subversion planétaire de la société ouverte et de ses réseaux tout autant qu’au choc des civilisations qui en découle. Société ouverte et choc des civilisations qui se renforcent l’un l’autre et participent ainsi d’une même stratégie de domination indirecte et furtive des populations par les forces anonymes du globalisme apatride. Globalisme qui use tantôt de l’une, tantôt de l’autre selon les nécessités stratégiques du moment.
L'Arménie, avec Nikol Pashinyan, va-t-elle devenir une « colonie » américaine ?
par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
Bien que chacun connaisse directement ou indirectement en France un ou plusieurs citoyens se disant Arméniens, l'Arménie y est pratiquement inconnue.
Il s'agit d'une république du sud-Caucase théoriquement alliée avec la Russie. Elle est venue à l'actualité il y a quelques jours à propos d'une prise de pouvoir par le leader de l'opposition Nikol Pashinyan. Celui-ci, qui vient de devenir Premier ministre avait forcé à la démission le précédent Premier ministre, Serzh Sargsyan, à la suite d'une série de grèves générales et manifestations de rues très vraisemblablement organisée par Nikol Pashinyan. La jeunesse du pays avait massivement participé à ces mouvements.
Lorsque de tels mouvements se produisent, il convient de se demander s'ils ne sont pas organisés ou financés par les deux grandes puissances voulant conserver leur influence dans la région, les Etats-Unis ou la Russie. A priori, l'Arménie qui vient de se libérer de la domination de l'URSS, continue à se méfier d'éventuels rapprochements avec la Russie actuelle. D'éventuelles interventions russes discrètes n'avaient pas réussi à inverser la tendance. Au contraire le pays est de plus en plus influencé par les intérêts arméniens dits néo-libéraux dont le modèle est Wall Street et Washington. Pour ceux-ci l'Ambassade américaine, une des plus importantes du monde, abondamment pourvue en dollars, notamment par la CIA, sert d'interlocuteur privilégié.
Rappelons que l'Arménie avait pris son indépendance à l'égard de l'Union soviétique en 1991. Le premier président élu a été le néo-libéral Levon Ter-Petrosyan. Immédiatement après, le territoire de Nagorno-Karabakh, faisant partie de l' Azerbaïdjan (capitale Bakou), sous influence russe, et principalement peuplé d'Arméniens, avait décidé de faire sécession pour rejoindre l'Arménie, sous la forme d'une république indépendante associée. Il en était résulté une guerre qui avait fait environ 6.000 morts Arméniens et 30.000 Azeris.
Dans la suite, Petrosyan, confronté à une stagnation économique de l'Arménie, avait décidé de restituer le Nagorno-Karabakh à Bakou, en échange de relations de libre-échange et d'intégration économique avec l' Azerbaïdjan et la Turquie. Cependant ces deux pays étaient des ennemis traditionnels de l'Arménie. L'Azerbaïdjan restait à tort ou à raison considérée comme restée sous influence russe, la Turquie était non sans raison détestée, ayant été responsable du « génocide arménien » de 1915, responsable de 1.200.000 victimes. Notons qu'Ankara refuse toujours de parler de génocide. Le rapprochement de l'Arménie avec la Turquie désiré par Petrosyan n'avait donc pu se faire que sous la pression de l'Otan, du département d'Etat américain et de l'Union européenne.
Ceci avait été ressenti comme une trahison par le peuple arménien, provoquant la démission de Petrosyan. Après 10 ans de silence relatif, celui-ci s'était à nouveau présenté aux élections présidentielles de 2008. Il les avait perdu au profit de son ancien ministre de la Défense devenu Premier ministre, Serzh Sargsyan. Sargsyan a été réélu Premier ministre en avril 2018. Mais Petrosyan avait à nouveau contesté cette élection. Il avait organisé à cette fin de premières manifestations de masse. Celles-ci furent réprimées par le gouvernement, provoquant la mort d'une dizaine d'Arméniens.
Nikol Pashinyan, qui vient de devenir Premier ministre, avait joué un rôle majeur dans l'organisation de ces manifestations. Il avait donc été accusé de meurtre par la police et condamné à 7 ans de prison. Il bénéficia d'une amnistie en 2011. Petrosyan avait décidé de renforcer son pouvoir en créant à partir de mouvements qui lui étaient favorables un parti dit Congrès National Arménien, principal parti d'opposition, dans lequel Nikol Pashinyan a tout de suite pris un rôle directeur.
Nous passons sur le détail des événements ayant suivi une sorte de printemps arabe destiné à organiser un « regime change » où les ONG, au nombre de plusieurs centaines, financées par l'Ambassade américaine en Arménie ont joué un rôle déterminant. Disons seulement que l'Ambassadeur américain était intervenu directement pour provoquer la vente aux Américains de l'entreprise arménienne dite Armenian Hydro, précédemment nommée Armenia Sapa.
Il en était résulté une hausse sensible des prix de l'électricité et plus généralement du coût de la vie. Les ONG et Pashinyan, certainement financés par George Soros and Co, en ont imputé la responsabilité à la Russie ainsi qu'à l'administration de Sargsyan restée en place. D'où les manifestations dans les rues d'Erevan et finalement l'accès au pouvoir de Pashinyan, dans des conditions n'ayant rien de démocratique, comme on le devine.
L'Arménie colonie américaine
L'Arménie dans ces conditions deviendra-t- elle une « colonie » américaine ? Le risque est grand.
Il faut savoir qu'il y aurait plusieurs centaines d'ONG (organisation non gouvernementale) pour une population d'environ 3 millions de personnes. Il est difficile d'y échapper. Or ces ONG travaillent pratiquement toutes pour permettre la mise en place de « valeurs américaines » et d'un gouvernement « pupett » tout dévoué à Washington. Cela s'explique car vu la proximité géographique de l'Arménie avec la Russie, elle est considérée comme une plate-forme utile pour diffuser en Russie même les mots d'ordre de la propagande américaine. Inutile de dire que, comme précédemment indiqué, ces ONG ne trouvent leurs ressources qu'à partir des dollars américains qui leur sont généreusement alloués.
Elles financent une grande partie du secteur éducatif primaire et secondaire, ainsi que les programmes de la télévision et de la radio. Ainsi dès l'enfance les Arméniens sont appelés à considérer la Russie comme un ogre avec lequel éviter tout contact.
Ceci n'a pas été sans conséquences politiques majeures. En effet les différents mouvements et manifestations anti-gouvernementales ayant provoqué la chute du précédent gouvernement ont été animées par des jeunes sans perspectives d'emploi et rêvant aux valeurs occidentales, présentées comme capables de résoudre toutes les difficultés de l'Arménie.
La « révolution de velours » ayant finalement conduit Nikol Pashinyan au pouvoir a été menée essentiellement par ces jeunes et les ONG qui les mobilisaient. Faut-il en conclure que l'Arménie deviendra un satellite de Washington comme le sont certaines républiques d'Amérique centrale ou l'actuelle Ukraine ?
La montée d'un nationalisme arménien qui sera certainement encouragé par le futur gouvernement peut dans l'immédiat faire craindre qu'il ranime le conflit avec l'Azerbaïdjan dans les territoires du Nagorno-Karabakh. De nouveau le nettoyage ethnique dirigée contre les populations Azeris pourrait reprendre. Ceci pourrait donner matière à de réelles interventions militaires occidentales par exemple dans le cadre de l'Otan. On ne voit pas dans ces conditions comment la Russie pourrait rester seulement spectatrice.